«La Roseraie fait partie d’un ensemble de 135 ha au nord-ouest de la ville de Chartres, derniers secteurs urbanisables à l’intérieur de la rocade. Nous avons assorti l’urbanisation de ces friches agricoles d’exigences environnementales, en particulier pour la gestion des eaux pluviales », explique Gérard Renaud, directeur de l’Aménagement à la Ville de Chartres. En la matière, le site accumule les contraintes, avec une topographie en coteau accélérant le ruissellement et des sols en limon argileux limitant l’infiltration. Souhaitant préciser un projet d’aménagement de 750 logements sur les 20 ha du site, la Ville a lancé un marché de définition, remporté en 2007 par l’équipe DBW/HYL/Iosis.
Le projet devait s’inscrire dans le schéma d’assainissement de Chartres Métropole, soit un débit à l’exutoire de 1 l/sec/ha pour toute extension urbaine. Une véritable incitation à la gestion en surface des eaux de pluie, que les lauréats ont transformée en projet de paysage.
« Pour que l’eau puisse animer le tissu urbain, elle doit être gérée dans des espaces ouverts, c’est-à-dire peu profonds et vidés en une journée en cas d’orage décennal. Cela prend de la place : les espaces publics totaliseront 30 % de la surface du quartier », explique le paysagiste Christophe Laforge, de l’agence Hyl.
Les voiries, premier maillon de la chaîne
Dans cette trame forte, la porosité des sols sera une recherche permanente : trame viaire réduite au strict minimum, nombreuses surfaces enherbées, stationnements en evergreen, cheminements en stabilisé… En ligne de mire, l’infiltration des eaux de pluie et le ralentissement de leur évacuation qu’un réseau hydraulique va mettre en œuvre à l’échelle du quartier : « Elles seront d’abord collectées par des noues de voirie, puis drainées, via des bassins en cascade, vers un parc central fonctionnant comme le delta d’un fleuve », explique Didier Juilien, directeur des infrastructures au bureau d’études Iosis Centre-Ouest.
Posées sur les courbes de niveau, les voiries seront le premier maillon de la chaîne : « Nous avons travaillé sur un profil asymétrique, explique Christophe Laforge. Au contact de la pente et des opérations, de larges noues collecteront à la fois les eaux pluviales des trottoirs, du stationnement, de la chaussée et les écoulements issus de l’espace bâti. » Ces bandes, densément plantées de saules, seront interrompues par les seules entrées d’opérations, qui définiront des bassins de rétention fonctionnant en biefs.
Passée la collecte des eaux pluviales, les concepteurs de La Roseraie ont dû composer avec la topographie. Au sud du site, le dénivelé atteint 15 m avant un replat central. Cette pente sera domptée par des bassins en cascade délimités par des gabions intégrant régulateurs et surverses. Jalonnant les sentes piétonnes, ils ralentiront les écoulements et les achemineront vers un parc central de 3,5 ha.
Cet espace, pointé sur la cathédrale de Chartres, sera traité en prairie, planté de saules blancs et de chênes des marais. Sa limite sud se situera au point de rupture de pente. Dans sa moitié basse, au nord, un modelé de terrain créera des « rides » fonctionnant en surverse. « En cas de forte précipitation, ces rides se rempliront, rappelant les poches d’eau formées par la mer lorsqu’elle se retire, précise Didier Juilien. Les cheminements, les petits jardins et les aires de jeux resteront toujours hors d’eau. »
Des sols moins perméables que prévus
Au total, pas moins de 3 000 m³ de volumes de stockage des eaux de pluie seront dégagés dans les espaces publics.
Le cahier des charges destiné aux promoteurs, lui non plus, ne fera pas l’impasse sur les eaux pluviales : coefficient maximal d’imperméabilisation des sols limité à 50 %, points de rejet obligatoires, débits de fuite limités à 2-3 l/sec/ha en sortie d’opération… Un dispositif très complet, pas suffisant cependant pour se passer des réseaux enterrés : « Nos derniers sondages ont révélé des sols encore moins perméables que prévu, explique Christophe Laforge. Cela suppose quelques modifications, comme le drainage des eaux stockées dans le parc, et un débit à l’exutoire maîtrisé à 60 l/sec sur l’ensemble du site. Mais la composition du quartier n’a pas été remise en cause par cette découverte. »



