A 75 ans, Velux affiche une santé insolente

Le célèbre groupe industriel danois Velux, qui a donné son nom à la fenêtre de toit, fête cette année ses 75 ans d'existence. Ses liens étroits avec la recherche scientifique, ses expérimentations dans le domaine de la qualité de l'air intérieur et la préservation des valeurs du fondateur historique font de cette entreprise philanthrope un "ovni" dans l'industrie du BTP.

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RenovActive, le projet de rénovation énergétique de Velux

En 1941, Villum Kann Rasmussen, un ingénieur danois, imagine un nouveau type de fenêtre qui permet d’aménager nos greniers et nos combles par l’apport d’air frais et de lumière naturelle. Velux est né : "Ve" pour ventilation et "lux" pour lumière. Le succès est immédiat au point que la célèbre marque est lexicalisée : quasiment personne ne parle de "fenêtre de toit" et tout le monde de "Velux". Demandez à l’allemand Roto, son principal concurrent... « L’objectif était de développer une fenêtre de toit qui, à tous égards, soit aussi efficace que la meilleure fenêtre verticale », précise Jørgen Tang-Jensen, PDG du groupe Velux. 75 ans plus tard, le groupe danois et ses 9 500 salariés affichent une santé insolente. En 2015, Velux a réalisé sa meilleure année.

C’est en tout cas ce que sa direction a affirmé à la presse internationale réunie par le groupe à Copenhague à l’occasion de cet anniversaire. Velux se refuse toutefois à communiquer un bilan chiffré attestant de cette situation. Les résultats du holding VKR – propriétaire notamment du fabricant polonais de fenêtres Dovista, du producteur danois de panneaux solaires Arcon- Sunmark ou du groupe britannique de ventilation Monodraught, mais dont Velux constitue la plus large part – semble tout de même prouver que les choses ne vont pas mal. VKR, lui aussi de nationalité danoise, a en effet réalisé une année record en 2015 avec 2,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires, contre 2,2 milliards en 2014 ; 268,7 millions de bénéfice net, contre 175 millions en 2014 ; et un Ebitda d’environ 500 millions d’euros, contre 403 en 2014. Pour rappel, Velux est implanté dans plus de 40 pays dans le monde, et détient 17 sites de production dans 9 pays.

Comprendre grâce aux études

Quelle est donc la recette de cette vieille dame de 75 ans pour garder une telle forme ? L’une des explications des bons résultats de l’industriel danois réside dans son appétence pour les études scientifiques. Le groupe n’est pas avare de financements de recherches et d’échanges avec leurs auteurs afin de mieux comprendre son marché et donc mieux produire. Velux a ainsi mené conjointement avec l’Université berlinoise d’Humboldt une étude sur la santé et le logement dans 14 pays européens, dont la France, nommé "Baromètre de l’habitat sain 2016". Elle s’intéresse notamment à la perception qu’ont les Européens de leur santé et à la satisfaction que leur procure leur logement. L’insalubrité serait, par exemple, cause de problèmes de santé. Autre enseignement : 50% des Européens se disent modérément, voire peu satisfaits du logement qu’ils occupent. L’étude montre également les bienfaits de la lumière naturelle. Afin d’améliorer ces situations, Velux définit le rôle des différents acteurs : « L’industrie du bâtiment doit prendre en compte dans sa conception tous les paramètres ayant une incidence sur le bien-être au sein du logement, et non se concentrer sur un paramètre unique tel que l’humidité et la température.

Du point de vue des politiques et des pouvoirs publics, la salubrité de l’habitat constitue un vecteur potentiel d’économies d’énergie, de santé, de productivité et de qualité de vie. La société se doit quant à elle d’intégrer la notion d’habitat sain dans ses processus de décision ». Michael K. Rasmussen, directeur marketing du groupe Velux, rappelle que « 80 millions d’Européens vivent dans des bâtiments humides et insalubres. Le paradoxe est que, lorsque vous les interrogez, l’habitat sain est une chose très importante pour eux. Si vous vivez dans une maison humide ou insalubre, les risques d’asthme sont doublés et nous passons 90 % de notre temps en intérieur. Un tiers des Européens sont impactés par de l’asthme ou des allergies ». Peter Foldberg, directeur de la Recherche chez Velux, explique de son côté que « le lien qui existe entre lumière naturelle et santé est très important ». Par exemple, une étude européenne réalisée par l’Inserm et l’Université Pierre et Marie Curie est parvenue à la conclusion que la lumière naturelle augmente les performances scolaires. Quant à une étude allemande de décembre 2015 du Fraunhofer-Institut Fur Bauphysik IBP, elle a permis de déduire que les élèves des classes bénéficiant d’air frais sont plus performants et moins absents.

L’expérimentation comme moteur

Velux se nourrit de toutes ces études pour améliorer sa stratégie et ses produits. « Nous échangeons sans cesse avec des scientifiques et des chercheurs », estime Peter Foldberg. Ce sera, par exemple, le cas lors du 7e Symposium de Velux, les 3 et 4 mai 2017, à Berlin. À noter que Velux reverse l’essentiel de ses bénéfices à des fondations pour soutenir des projets de recherche scientifique ou des initiatives d’ordre environnemental, culturel et social. « En 2015, les fondations ont réalisé 545 donations d’un montant global d’un peu plus de 110 millions d’euros », explique fièrement Jørgen Tang-Jensen. « Une expérience vaut mieux que mille avis d’experts », déclarait Villum Kann Rasmussen. En 2016, le groupe suit toujours les préceptes de son fondateur. Car l’expérimentation est le deuxième ingrédient miracle pour maintenir une entreprise de 75 ans sur une pente ascendante. Velux est, par exemple, l’un des partenaires fondateurs de "l’Alliance Active House", association créée en 2008 qui regroupe entreprises et acteurs du bâtiment. « Active House est un modèle de bâtiment qui crée des vies plus saines et plus confortables pour leurs occupants sans impact négatif sur le climat », explique cette organisation regroupant environ cinquante membres, fabricants, consultants et institutions de recherche internationaux. Depuis dix ans, Velux a participé à la réalisation de 21 projets expérimentaux répartis dans douze pays, dans des environnements et des climats différents. En 2009, le groupe a lancé le projet "Model Home 2020", qui s’appuie sur les mêmes principes que "Active House". « Nous devons trouver des solutions abordables et flexibles », explique Michael K. Rasmussen au sujet de ce programme. La priorité du groupe est que les préoccupations environnementales ne doivent jamais prendre le pas sur les questions de santé et de bien-être. Afin d’analyser comment sont utilisés les bâtiments d’aujourd’hui, six "Model Homes" ont été construites dans cinq pays européens (Allemagne, Autriche, Danemark, France et Royaume-Uni) « pour mettre toutes ces données en pratique, et transformer la théorie en un modèle réaliste pour l’avenir », explique le groupe.

Autre défi pour Velux : réaliser des expériences dans le domaine de la rénovation énergétique. En effet, 90% du parc immobilier européen qui sera utilisé en 2050 est déjà construit. Après sept mois de travaux, une maison 80 m², dite RenovActive, située dans la banlieue de Bruxelles, vient d’être ouverte à la visite avant l’arrivée d’une famille dans quelques mois. Velux s’est associé au bailleur social belge "Le Foyer Anderlechtois" afin de conjuguer l’utilisation optimale de l’espace, le bon rapport coût-efficacité et une approche technique efficace et facilement reproductible. « Il est possible de construire une "Active House" pas seulement pour les élites, mais pour une majorité », explique Michael K. Rasmussen. Le confort et la santé sont au cœur du projet, accompagnés par la recherche d’économie d’énergie. Ce projet a également pour objectif de devenir une référence pour les rénovations futures. Le bailleur a d’ores et déjà procédé à une levée de fonds destinée à la réhabilitation de 86 bâtiments de son parc immobilier.

Innover et se diversifier

Autre ingrédient de Velux pour poursuivre sa "success story" : une politique d’innovation constante, nourrie de ce travail d’étude et d’expérimentation. Sa division R&D reste très active, avec 1 600 brevets déposés en 2016. En termes d’innovation, la maison connectée est au centre de ses préoccupations : Velux est partenaire d’Apple via son application "Home", qui permet de piloter les appareils connectés de la maison, lancée en septembre dernier en même temps que son nouveau système d'exploitation mobile. « Nous vivons dans un monde où la digitalisation est cruciale. Chez Velux nous pensons que tout ce qui peut être digitalisé sera digitalisé. Il nous faut donc une stratégie pour cette ère numérique », décrit Jørgen Tang-Jensen. L’innovation incite aussi Velux à se diversifier. Le groupe voit au-delà du secteur de l’habitat en s’intéressant notamment au secteur tertiaire. Pour ce faire, le groupe a développé un nouveau produit, la verrière modulaire, en collaboration avec l’agence d’architectes britannique Foster + Partners. Ce produit, fabriqué au Danemark, est aujourd'hui vendu dans neuf pays d’Europe depuis 2013.

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