C 'est l'un des plus importants projets de travaux publics à l'heure actuelle en France. Le chantier du contournement ouest de Strasbourg (COS), à l'arrêt en raison de la crise sanitaire provoquée par le Covid-19, consiste à construire une nouvelle autoroute de 24 km de long. Celle-ci doit permettre de décongestionner l'A35 d'ici à la fin 2021. Cet axe, qui relie le sud et l'ouest de la métropole à l'A4 au nord, est l'un des plus fréquentés de l'Hexagone. Il est emprunté quotidiennement par 170 000 véhicules, dont 15 % de poids lourds. Cette dernière catégorie d'engins représente une source majeure de pollution sonore et atmosphérique pour l'agglomération alsacienne.
Deux viaducs monumentaux. La nouvelle autoroute traversera 22 communes de la banlieue strasbourgeoise mais aussi neuf cours d'eau et 25 hectares de zones humides, ce qui a conduit les associations environnementales à organiser des blocus et des recours pour empêcher le chantier, sans succès. Commencé à l'été 2018, celui-ci comprend la réalisation de 47 ouvrages courants, mais surtout celle de trois constructions non courantes, dont deux viaducs monumentaux.

Le premier se trouve à hauteur de la rivière de la Bruche, l'autre enjambe la commune de Vendenheim. Ce dernier, en particulier, fait la fierté de l'entreprise à la tête du groupement chargé de la construction, Vinci Autoroutes. « Le viaduc de Vendenheim franchira une route départementale, un canal et une voie ferrée. A l'origine, l'appel d'offres prévoyait trois ponts, soit un par obstacle. Vinci Autoroutes a été le seul candidat à proposer un ouvrage unique, relate Philippe Zink, ingénieur projets et responsable de la maîtrise d'œuvre chez Ingérop. Nous avons remporté le marché grâce à cette innovation. »

Préfabrication à grande échelle. Le chantier du COS accueille également d'autres ouvrages remarquables. Toujours à hauteur de la commune de Vendenheim, le groupement d'entreprises chargé de la conception-réalisation, Socos, a opté pour la construction d'une tranchée couverte de 298 m à l'aide de modules préfabriqués, afin de diminuer le bruit des camions qui passeront à proximité des habitations.

Aux côtés de ces infrastructures d'envergure, environ 19 passages de rétablissement du parcours sont des ponts dits « intégraux ». Ce type de construction, testé par Vinci sur le chantier de la LGV Sud Europe Atlantique entre Tours et Bordeaux, reste pour le moment très peu répandu en France.

Ce parti pris technique qui supposait une préfabrication à grande échelle a permis de maîtriser les coûts comme les délais. « Nous ne disposons que de trois ans pour construire 24 km d'autoroutes, ce qui reste assez peu », concède Philippe Ravache, directeur de projet adjoint du COS. Et l'enjeu est de taille, puisque le nouvel itinéraire sera plus court que l'actuel pour les poids lourds en transit.
Le report des véhicules est ainsi estimé à « 25 000 par jour au nord, et à 40 000 véhicules sur la partie sud », poursuit-il. Par ailleurs, si le projet de requalification de l'A35 en boulevard urbain voit le jour, le contournement deviendra le seul parcours autorisé à l'agglomération pour les poids lourds.