Formé d’un ensemble de trois bâtiments et de jardins à la longue histoire (voir encadré), le Palais Maeterlinck va connaître une nouvelle vie avec sa transformation en 19 appartements de 110 à 400 m² -des duplex et des triplex à la vue féerique-, dont la commercialisation atteint des sommets, 20 000 à 40 000 euros le m²… Le maître d’ouvrage est la compagnie immobilière CPI, dirigée par le milliardaire tchèque Radovan Vitek qui a investi avec la Barclays Bank 48 millions d’euros dans le rachat de ce site exceptionnel. Une précédente reconversion avait été étudiée par la compagnie anglaise Matterhorn mais celle-ci, avec la crise des subprime en 2008, a dû passer la main.
Architecte depuis l’origine de ce projet, Jean-Paul Gomis explique que son intervention sur ce site de plus de 3 ha doit « permettre de retrouver le rapport à la mer et à la pierre, qu’elle soit naturelle pour la falaise ou façonnée par l’Homme avec les grandes arches des façades des trois bâtiments qui s’étirent sur plus de 400 m, au-dessus de la Méditerranée ».
Un chantier sans grue
« Le projet consiste tout d’abord à ôter tous les éléments extérieurs superflus, à recréer des liaisons fonctionnelles, à aménager des espaces paysagers d’accompagnement et de loisirs comme la grande piscine principale et ses colonnes qui seront réhabilitées. Les 19 appartements viennent se loger dans les différentes ailes du bâtiment, tous dotés de loggias couvertes ou de grandes terrasses baignées de lumière » ajoute-t-il.
Pour le groupement Dumez Côte d’Azur/GTM Azur en charge des principaux marchés (démolition, gros œuvre, cloisons-façades, VRD et étanchéité), ce chantier de près de 16 millions d’euros HT au total et de 4600 m² de plancher, lancé en novembre dernier, cumule difficultés et contraintes qui ont nécessité l’association de ces deux entités de Vinci Construction, l’une apportant sa capacité à traiter des chantiers de grande ampleur, l’autre son savoir-faire dans les réhabilitations de villas de luxe.
« C’est un chantier sans grue du fait de la configuration des lieux et également en site partiellement occupé car une zone du Palais Maeterlinck est en copropriété» précise Xavier Vivo, conducteur de travaux principal chez GTM Azur. Les 4000 m3 de matériaux de démolitions ont été évacués uniquement par engins de transport et de levage mobile, type PPM. Pour les 200 m3 du béton du chantier, la moitié a été produite manuellement.
Reprises en sous oeuvre
Une fois la structure mise à nue, il a fallu ensuite l’adapter à sa nouvelle destination avec de nombreuses reprises en sous œuvre sur les bâtiments: création de 80 ouvertures dans des murs pouvant atteindre 1,6 m d’épaisseur, installation de cages d’escalier et de plancher béton dans les duplex, coulage de 4500 m² de chape et installation de 3000 m² de cloisons.
Avec une isolation thermique par l’extérieur au niveau de la grande rue intérieure, les caractéristiques de ce bâti permettent d’atteindre un niveau performant de réhabilitation passive. A l’ouest, sur l’aile Mélissande, la reconstruction est presque complète avec l’option d’une architecture contemporaine (bâtiments aux toitures métalliques).
Pour compliquer le phasage de ce chantier, deux appartements témoins de 300 m² ont dû être réalisés séparément et livrés au mois d’avril dernier avec des qualités de finition exemplaires. Ce chantier, qui ne connaîtra pas de répit estival et qui a mobilisé en pointe 80 personnes, prévoit la livraison « brute » des appartements en novembre, leur agencement et leur décoration étant laissés aux choix des acquéreurs. « Ce type de chantier nous pousse aussi à être extrêmement vigilants sur la sécurité avec la présence d’un préventeur et d’un responsable sécurité pendant toute la phase de démolition et de reprise en sous œuvre. Il y a eu zéro accident » note Cyril Dupuy, directeur de Dumez Côte d’Azur.
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D’un projet de casino à des logements de luxe
Dans les années 20, le comte de Milléant achète le site et projette d’y constuire un grand casino pour rivaliser avec Monte Carlo. A la fin des années 20, Maurice Maeterlinck, prix Nobel de Littérature le rachète et aménage un hôtel particulier, l’emblématique Villa Orlamonde. Tombé en déshérence, le site est transformé en copropriété dans les années 80 avec une vingtaine d’appartements. En 1987, Henri Ferdinand Lavanchy, homme d’affaires, rachète une partie des logements, agrandit le site et ouvre un palace, le Palais Maeterlinck. En 2006, l’hôtel ferme ses portes et est racheté en 2008 par la société Matterhorn qui le revendra quelques années plus tard à Radovan Vitek.
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Jean-Marc Corporandy (Balitrand, Cannes) : de manutentionnaire à président du directoire | %%MEDIA:1018084%% | ||||
Balitrand : premier distributeur multispécialiste indépendant de la région PACA, créé à Cannes en 1922 par Marcel et Jean Balitrand pour vendre des matériaux et des aciers de construction, ouvre en 1928 au centre de la ville un magasin de quincaillerie et d’appareils sanitaires, abandonne les matériaux après la seconde guerre mondiale et l’arrivée de Raymond Balitrand pour se concentrer sur le second-œuvre (quincaillerie, outillage, chauffage, climatisation, électricité, plomberie, sanitaire), inaugure en 1976 le premier libre-service du bâtiment, crée en 1982 un centre d’appels pour les professionnels, achète en 1987 son premier point de vente à Toulon (croissance externe), ouvre en 1990 son premier point de vente à Aix-en-Provence (croissance interne), démarre en 1997 une politique d’enseignes (Balitrand, Bati Cash, Home Store), est cédé en 2008, faute de succession, au fonds d’investissement Weinberg Capital Partners dans le cadre d’un LBO auquel sont associés cinquante-deux cadres dirigeants de l’entreprise, adhère au groupement BigMat au début de l’année 2013, est désormais présent sur quatre départements (Alpes-Maritimes, Var, Bouches-du-Rhône et Vaucluse), emploie six cent cinquante personnes, réalise 180 millions d’euros de chiffre d’affaires et vient d’ouvrir son vingt-neuvième point de vente… Que vient donc faire Balitrand chez BigMat ? C’est Jean-Marc Corporandy, président du directoire, qui nous répond : Dans sa quête de nouveaux développements, le distributeur a décidé de s’intéresser au gros-œuvre et aux matériaux. Dans un premier temps, pour se faire les dents, il ouvre un point de vente BigMat à Cannes La Bocca, sur le site historique de l’entreprise où « le foncier est sous-employé ». La stratégie va consister ensuite à acquérir des négoces en matériaux pour y installer du second œuvre, en particulier le sanitaire-chauffage – et non pas d’ajouter le gros-œuvre et les matériaux dans les points de vente Balitrand. D’où la décision de rejoindre BigMat, car « petits ou gros, les indépendants doivent se fédérer ». L’enseigne multispécialiste adhère déjà à plusieurs groupements, un par métier : ABCD pour la quincaillerie, Socoda pour l’électricité, Algorel pour le sanitaire-chauffage… Pourquoi BigMat et pas un autre ? Pour deux raisons au moins : d’une part BigMat « est en terme de fonctionnement le plus transparent des groupements Matériaux », d’autre part « le projet de développement présenté par Joël Armary fin 2012, qui veut amener les adhérents à élargir leurs plans de vente afin de devenir des incontournables » est en phase avec la stratégie de Balitrand. Non seulement l’un et l’autre cherchent à devenir des « ensembliers » du bâtiment, mais leurs compétences sont parfaitement complémentaires : « Nous allons profiter de l’expérience de BigMat dans le gros-œuvre et les matériaux, et BigMat va profiter de notre expérience dans le second-œuvre. » C’est ainsi qu’un peu à l’étroit dans sa zone de chalandise, Balitrand se donne les moyens de poursuivre sa politique de croissance externe. Balitrand semble être en perpétuel mouvement. Jean-Marc Corporandy confirme : « Nous sommes dans une routine du changement », qui n’est rien d’autre que la volonté d’avancer transmise par Raymond Balitrand – « un homme très avant-gardiste » –, inscrite dans les gènes de l’entreprise. Après bientôt 40 ans passés chez Balitrand, Jean-Marc Corporandy est bien placé pour évoquer la culture d’entreprise. Embauché en 1975, à l’âge de 20 ans, comme manutentionnaire, il signe pour trois mois. Mais il plait, se plait, s’attarde et grimpe l’échelle des fonctions : réception marchandises, commerce, préparation des commandes, direction technique du département outillage, direction du magasin cannois, direction commerciale… et, en 1998, président du directoire. C’est lui qui, en 2008, conduit l’opération de changement d’actionnariat, « en phase avec l’esprit du groupe », qu’il était important de préserver. Quel genre d’esprit ? Un esprit d’appartenance, lié à la politique de promotion interne pratiquée depuis toujours : « Nombre de collaborateurs sont nés dans la marmite. » Ainsi, il y a peu de pièces rapportées chez Balitrand mais beaucoup de formation. Et un fort sentiment d’appartenance, « des gens proposants », un staff tout entier tourné vers le nouveau projet de développement en cours. Hier, c’était le premier libre-service du bâtiment, aujourd’hui l’intégration du gros-œuvre et des matériaux, demain… Demain ? « Tout sauf l’immobilisme ». Marianne Tournier Pour en savoir plus, venez découvrir le Tour de France des régions BigMat sur http://www.letourbigmat2013.fr | |||||
