Deux ans et demi après avoir créé Adhéneo, Jérôme Le Boulicaut affiche clairement son ambition de devenir le spécialiste international de la toiture française. « A l’étranger, les toitures appelées « comble à la française » sont considérées comme un produit de luxe. Nous sommes un peu le Vuitton de la toiture », s’amuse le jeune P-DG. Son savoir-faire provient de la reprise en 2008 de deux leaders du secteur, les Toitures Petit au Coudray-Macouard près de Saumur et Gautier-Yvon Les toitures d’Anjou à Trélazé, commune angevine exploitant des mines d’ardoise.
L’activité de ces deux entités fusionnées au sein de la branche « Adhéneo La toiture » a été complétée en 2009 par « Adhéneo L’atelier », spécialisé dans la création et la restauration d’ornements de toiture (girouette, œil-de-bœuf…). « Toutes nos activités sont exportables et nous savons travailler l’ensemble des matériaux : ardoise, tuiles, zinc, cuivre, plomb, bardeau de bois... tant en rénovation qu’un neuf », assure le dirigeant qui mise tant sur la diversification que l’internationalisation de ses activités pour se désengager des monuments historiques qui ne représentent plus que 54 % de l’activité contre 70 % en 2008.
Les prestigieuses références ne manquent pas tant en France qu’hors des frontières : Chenonceau, Versailles, le Bon Marché à Paris, le ministère des Affaires étrangères à Bucarest (Roumanie), l’ambassade de France à Stockholm (Suède)…
L’entreprise a réalisé sur l’exercice clos au 31 août 2009 un chiffre d’affaires de 14,23 millions d’euros (11,3 millions en consolidé), soit une progression de 30 %. Dès la première année de la reprise par Jérôme Le Boulicaut, la part de l’export a explosé passant de 2 % à 27 % des ventes. Même l’excédent brut d’exploitation du groupe a bondi de 154 300 euros à 320 000 euros. « La progression de notre marge comptable affiche une hausse de 7 points uniquement grâce à nos projets export », ajoute le dirigeant. Adhéneo étant positionné sur le très haut de gamme peut se permettre de pratiquer des marges de plus de 30 %.
Une organisation spécifique
Mais pour atteindre ce niveau, l’organisation doit être infaillible. Aussi, fort de l’expérience acquise dans des groupes de haute technologie internationaux (Xerox, France Telecom, Thalès Security), Jérôme Le Boulicaut applique des méthodes de management industrielles aux sociétés artisanales qu’il rachète. Après avoir posé de solides fondations (création de directions générale et technique, administrative et financière, des achats, organisation en filiales), il s’est entouré de professionnels de l’export. L’un est chargé du remplissage des conteneurs afin d’optimiser l’espace, un autre de la gestion de la documentation selon les règles douanières internationales et un troisième du suivi des chantiers à l’étranger. Sur les pays à risque, Jérôme Le Boulicaut fonctionne en prestataire de service. « Il s’agit de missions d’assistance technique et de formation. J’envoie deux personnes qui forment les couvreurs du pays à nos méthodes. En cas de non-paiement, il est plus facile de rapatrier deux personnes qu’une équipe. »
En septembre, l’activité export va monter d’un cran avec la création d’une filiale en Martinique. Avec une quinzaine de collaborateurs sur place dont deux conducteurs de travaux, deux chefs d’équipe et six couvreurs, Adhéneo Alizé doit capter des marchés sur toute la zone caraïbes, jusqu’à Miami et l’Amérique du Sud. « L’arc des Caraïbes doit devenir la première zone d’export du groupe », indique Jérôme Le Boulicaut qui a fixé un chiffre d’affaires prévisionnel de 1,8 million à 2 millions d’euros pour la première année d’activité. L’entreprise réalise actuellement trois chantiers en Martinique et deux en Guyane.





