Engagé par Novartis sur la rive gauche du Rhin à la frontière franco-suisse, la dépollution et le démantèlement d’une station d’épuration industrielle prépare le terrain pour la première infrastructure symbolique du futur quartier 3land (trois pays) : construite par le conseil général du Haut-Rhin pour 1,73 million d’euros HT, une piste cyclable de 1,850 km reliera en 2015 la ville de Bâle à la passerelle des Trois Pays, qui franchit le Rhin entre Huningue (France) et Weil-am-Rhein (Allemagne).
Un calendrier contraint dicte le chantier de dépollution d’environ 20 millions de francs suisses (16,4 millions d’euros), engagé en juillet sous maîtrise d’œuvre d’Ingérop, et réalisé par Sita sur un site chargé en lindane : avant la fin de l’exploitation de la station d’épuration industrielle fixée au 1er janvier prochain, une canalisation conduira les eaux usées vers une usine de traitement bâloise.
Un campus de 200 000 m2
Un échange de terrains entre le maître d’ouvrage français de la piste cyclable et Novartis a permis à l’industriel de privatiser une ancienne route départementale, désormais intégrée aux 200 000 m2 du campus dessiné par le milanais Vittorio Magnano Lampugnani, et dont la réalisation mobilise 2, 2 milliard de francs suisses entre 2000 et 2014.
Le long de la voie cyclable, le géant des biotechnologies entrouvrira l’accès à son site, dans un bâtiment dont l’agence bâloise Herzog & De Meuron a engagé le chantier cette année : un restaurant ouvert au public s’implantera au premier niveau de la direction du développement de l’industriel, dans un ouvrage composé de deux bâtiments empilés et reliés par une structure baptisée « le cerveau ». Sur le « sentier des poètes » où ils liront des textes dans les dialectes alsacien, bâlois et badois, les promeneurs pourront également découvrir les vestiges celtes du noyau protohistorique de Bâle, révélé par les fouilles archéologiques.
Les ponts de Rheinhattan
De l’autre côté du fleuve, le canton de Bâle Ville se donne 18 mois de concertation pour affiner le programme de l’île de Rheinhattan, noyau central du futur quartier trinational. Auteurs des études préalables, les agences Herzog & De Meuron, MVRDV (Pays-Bas) et EM2N (Zürich) rivalisent d’audace pour dessiner le front urbain rhénan, au sud de la frontière allemande. A court terme, ce projet implique un chantier évalué à 70 millions de francs suisses : reformaté pour le transport de conteneurs, le port de Bâle se déplacera vers la voie ferrée et l’autoroute reliant la Suisse à l’Allemagne.
L’échéance de 18 mois s’impose aussi aux six études pilotées par l’Eurodistrict trinational de Bâle, avec MVRDV, pour affiner la planification du quartier 3land. L’Union européenne et les trois pays se partagent les 600 000 euros engagés pour ces études, dont 125 000 apportés par la France. « Lors de la clôture de l’exposition internationale IBA Basel en 2020, les contours du projet seront connus, et notamment les trois ponts qui donneront accès à Rheinattan », annonce Hans-Peter Wessels, ministre des Transports et de l’Urbanisme de Bâle Ville.
Entre la France et la Suisse via l’île de Rheinattan, deux ouvrages concilieront piétons, cyclistes, automobiles et tramway. Côté français et à moyen terme, ce franchissement du Rhin aboutira, selon le Masterplan de MVRDV, à un quartier résidentiel d’un millier de logements, candidat à l’extension du campus Novartis, et déjà surnommé « Le quartier du diamant », en raison de sa géométrie et de son environnement prestigieux.
Défi historique
Engagé aux côtés de Bâle, Huningue et Weil-am-Rhein dans la « convention de planification » signée en septembre pour coordonner le projet urbain, le président du conseil général du Haut-Rhin espère que le futur conseil unique d’Alsace prendra conscience des enjeux : « L’Alsace se construira dans cet espace trinational, ou alors elle passera à côté de l’histoire », prédit Charles Buttner.
