Agnès Pannier-Runacher lève un coin de voile sur sa politique de l’eau

La ministre de la Transition écologique a profité de la 26ème édition du Carrefour des gestions locales de l’eau pour ouvrir la voie d’une actualisation du modèle visionnaire de 1964, à l’heure du changement climatique.

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carrefour de l'eau
La ministre de la Transition écologique veut « mieux associer l'opinion publique à la politique de l'eau ».

Les intercommunalités apprécieront le changement de ton. Le 23 janvier à Rennes, lors de la 26ème édition du Carrefour des gestions locales de l’eau, la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher les a désignées comme des acteurs clés de la sécurisation de l’accès à l’eau potable.

L’interconnexion des réseaux fait partie des priorités de la future feuille de route pour la qualité des captages. La ministre compte sur Intercommunalités de France pour s’associer à cet enrichissement du plan eau lancé en mars 2023 par le président de la République et son ministre de la Transition écologique d’alors, Christophe Béchu.

Sans se prononcer explicitement sur le maintien de l’échéance du 1er janvier prochain pour la systématisation de la compétence intercommunale en eau et assainissement, la ministre a lancé une « alerte » aux communes qui s’y opposent : « Face aux crises, elles se retrouvent sans solution. Je souhaite les accompagner et attirer leur attention : décider seul donne l’illusion de la simplicité, mais ne permet pas de se mettre au niveau, qu’il s’agisse des enjeux de sécheresse ou de pollution. »

Une conférence déclinée dans les bassins

Alors que ses propos rompent avec les discours tenus sur le même sujet par l’ancien Premier ministre Michel Barnier, Agnès Pannier-Runacher maintient en revanche le cap fixé par le gouvernement censuré : une conférence nationale de l’eau s’ouvrira bien en 2025. Elle se déclinera dans les bassins hydrographiques quadrillés par les six agences de bassin.

L’échelle géographique et la gouvernance territoriale cadrées par la loi du 16 décembre 1964 trouvent une nouvelle jeunesse : rompues à la mise en œuvre des solidarités entre l’amont et l’aval, les comités de bassin et les agences de l’eau devront renforcer cette expertise. « Les pêcheurs et les conchyliculteurs m’interpellent. La feuille de route sur la qualité des captages devra intégrer les pollutions d’origine terrestre qui affectent les eaux littorales », prévoit la ministre.

Face au dogmatisme des croisades contre la bureaucratie, l’élue du Pas-de-Calais remet les pendules à l’heure : « Les dégâts causés par les inondations ne proviennent pas des normes, mais d’une certaine manière d’aménager ».

Outre la question de la perméabilisation, la conférence devra traiter des micropolluants visés par la nouvelle directive européenne sur les eaux résiduaires urbaines. La ministre appelle à un saut de connaissances scientifiques et de capacité d’anticipation.

Verdir à marche forcée

En l’absence de marges budgétaires, Agnès Pannier-Runacher liste les ressources à optimiser : « La caisse des dépôts accompagne les collectivités dans la lutte contre les fuites d’eau, parce que ces investissements sont rentables », rappelle-t-elle. Une seconde piste vise à mettre fin à la sous-utilisation des financements européens : « Trop habitués à toquer à la porte de l’Etat, nous mobilisons 10 % des ressources de l’Union alors que nous représentons 15 % de sa population », regrette la ministre.

Enfin, Agnès Pannier-Runacher espère la poursuite du « verdissement à marche forcée des investissements des collectivités locales ». Elle les incite à mobiliser les crédits biodiversité et les labels bas carbone.

Récompenser les protecteurs

A ses côtés le 23 janvier à Rennes, le président du comité de Bassin Loire Bretagne lui souffle une autre idée : « Je crois à une révolution fiscale et environnementales », proclame Thierry Burlot. Sans toucher aux équilibres budgétaires, sa proposition consiste à flécher la fiscalité foncière pour remédier à une anomalie : « Alors que l’héritier d’un terrain constructible réalise une plus-value, celui qui protège une zone humide n’en tire aucun profit, malgré l’amélioration du bien commun qui en résulte. Donnons une fierté aux protecteurs ! C’est une priorité »

Avec des expressions différentes, le président du comité de bassin et la ministre se retrouvent, dans l’idée de sortir l’eau des cercles de spécialistes : « L’enjeu de la conférence de l’eau, c’est le partage de tous les thèmes à débattre : la pollution, le financement des investissements, le prix de l’eau... Il nous faut mieux associer l’opinion publique à la gestion de l’eau », proclame Agnès Pannier-Runacher.

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