En novembre dernier, l’Observatoire pour la qualité de l’air intérieur (OQAI) présentait les résultats d’une enquête menée sur un échantillon représentatif du parc de logements en France (JDC 138, page 25). À La Rochelle (Charente-Maritime), les 7 et 8 juin derniers, ces résultats ont servi d’ancrage à deux journées scientifiques. Ce thème de la qualité de l’air intérieur réunissait chercheurs, universitaires, profession de santé, maîtres d’œuvre et maître d’ouvrage.
Séverine Kirchner, responsable du pôle air au CSTB et coordinatrice scientifique de l’OQAI, rappelait que tous « les polluants choisis étaient présents dans le parc mais pas de façon homogène ». Pour la coordinatrice de l’observatoire « nous en sommes au stade du constat. Dès la présentation des résultats le ministère a préconisé l’étiquetage sur les produits de construction ou d’usage courant utilisés dans les environnements intérieurs ».
Les travaux en cours portent sur les sources des polluants, sur l’explication de ces pollutions. « Est-ce lié au comportement des gens, aux produits de construction, au transfert de l’air extérieur ? A partir des réponses qui seront apportées, nous pourrons aller vers des préconisations, vers de la prévention ». Les données recueillies sur 567 logements sont actuellement exploitées par les agences sanitaires pour évaluer les risques sur la santé des populations. C’est le cas notamment des données d’exposition au formaldéhyde, classé cancérogène.
Les axes de recherche ne se bornent pas au médical. Ainsi le laboratoire d’études des phénomènes de transfert appliqués au bâtiment (LEPTAB) de La Rochelle s’intéresse à tout « ce qui est transfert de chaleur, transfert de masse à l’intérieur des bâtiments et aux interfaces entre le bâtiment et le milieu urbain » souligne Patrice Blondeau, un des responsables du laboratoire.
Les épurateurs à l’étude
Le Leptab travaille sur le transport des polluants de l’extérieur vers l’intérieur et sur les migrations intérieures, « une des composantes importantes de transfert de masse ». En milieu urbain l’individu passe 90 % de son temps en milieu fermé. Ce qui fait dire à Patrice Blondeau : « La qualité de l’air intérieur est beaucoup plus préoccupante que celle de l’air extérieur en terme d’impact sur la santé de la population ».
« Les polluants ne sont pas inertes : ils subissent des transformations chimiques ou interagissent avec les matériaux de construction » remarque le chercheur de La Rochelle. Ces réactions peuvent aussi être utilisées pour traiter l’air intérieur, pour l’épurer. « On cherche à caractériser les réactions et à les modéliser pour développer de nouveaux produits et comprendre ce qui se passe pour tendre vers une qualité de l’air ».
De fait, l’épuration d’air ouvre un marché qui peut se révéler d’ores et déjà profitable. Le Leptab- étudie d’ailleurs les appareils disponibles pour caractériser les dangers qu’ils peuvent représenter. « Les consommateurs n’ont aucune garantie de performance et de sécurité. Un groupe de travail élabore un protocole pour vérifier les performances et l’innocuité des épurateurs d’air. L’objectif est de déboucher sur une norme française qui pourrait, pourquoi pas, devenir européenne » confie Patrice Blondeau.