Avec la multiplication des pics de chaleur en été, et la perspective d'une dégradation générale de la qualité de l'air extérieur à l'horizon 2050, la pollution atmosphérique est devenue une préoccupation majeure. Parallèlement, la crise sanitaire a accru les exigences quant à la qualité de l'air dans nos logements et lieux de travail. « On prend tout juste conscience du risque sanitaire lié à l'accumulation de CO2, des composés organiques volatils et des particules fines dans les intérieurs », alerte Suzanne Déoux, médecin et responsable pédagogique du master Risques en santé dans l'environnement bâti au sein de l'Issba d'Angers.
Surfant sur ces préoccupations, fabricants et professionnels de la ventilation mettent en avant produits et systèmes prédictifs dans un contexte réglementaire encore peu contraignant pour la qualité de l'air intérieur (QAI) en résidentiel. La RE 2020 vient seulement d'introduire la réception et le contrôle du bon fonctionnement des ventilations dans le neuf, alors que 50 à 60 % des installations souffrent de non-conformités.
Ventilations simple flux innovantes. Pour garantir un habitat plus sain, les industriels allient filtration et renouvellement d'air. En la matière, les ventilations double flux affichent une longueur d'avance car elles disposent déjà de filtres, mais leur coût d'installation pèse encore sur leur généralisation dans le résidentiel. C'est donc la simple flux, longtemps considérée comme un équipement sommaire, qui innove pour améliorer la filtration, le balayage de l'air et l'évacuation des polluants.
Aldes (Mondial du Bâtiment, hall 3, stand H066) vient de mettre sur le marché une entrée d'air hygroréglable filtrante, sous avis technique, développée avec la société Teqoya. Baptisée EHT², elle embarque un module de filtration électrostatique qui piège la majorité des particules fines. Une logique différente des systèmes double flux, où l'enjeu consiste à extraire la pollution en tenant compte du fait que « les logements sont de plus en plus hermétiques, ce qui peut provoquer la stagnation de l'air vicié », explique Astrid Rodier, cheffe de produits chez Zehnder (hall 3, stand F 74). En outre, le pilotage numérique se développe, et la mesure des polluants en temps réel se généralise. La plupart des machines sont désormais capables d'analyser leurs performances et d'alerter sur le niveau d'encrassement des filtres.
Certains vont plus loin dans le pilotage des installations. La start-up Octopus Lab a ainsi développé un logiciel pour améliorer spécifiquement la qualité de l'air intérieur. Baptisé Indalo Supervision, ce dernier crée un jumeau numérique du bâtiment, puis programme le pilotage de la ventilation via une GTB ou une centrale de traitement d'air en fonction du contexte de l'ouvrage (proximité d'axes urbains…).
« Les industriels ont beaucoup innové ces dernières années, mais certaines installations fonctionnent mal faute d'entretien. Il est essentiel de faire évoluer la réglementation qui n'a pas bougé depuis des lustres, en créant une obligation d'entretien comme pour les chaudières », explique Hugues Haëntjens, chargé de mission du syndicat des industries thermiques, aérauliques et frigorifiques (Uniclima), et secrétaire général de l'Association française de la ventilation. Par ailleurs, des groupes de travail planchent avec la DHUP pour rendre obligatoire l'installation d'un système de ventilation lors d'opérations de rénovation.
