Amiens : ouverture de la deuxième plus grande cité administrative d’Etat

Livrée au préfet de la Somme par Bouygues Bâtiment Grand Ouest le 22 décembre dernier, la nouvelle cité administrative passive amiénoise - deuxième plus gros chantier tertiaire de l’Etat, juste derrière celui de Lille, livré le même jour ! - entre en phase « aménagement intérieur ».

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La nouvelle cité administrative d'Amiens (Somme) - Façades
La nouvelle cité administrative d'Amiens (Somme) - Façades

« Certes, la cité administrative de Lille est deux fois plus grande, mais nous étions deux fois moins nombreux sur le chantier », sourit Fabrice Kopp, responsable projet chez Bouygues Bâtiment Grand Ouest (BBGO). Ainsi, pour être le premier à livrer « sa » cité - un peu éclipsée par le chantier XXL de la cité administrative de Lille, BBGO et Bouygues Bâtiment Nord-Est ont fait la course... Pour, au final, terminer... ex æquo !

A Amiens, pour aller plus vite à construire les trois bâtiments situés sur la ZAC Gare-la-Vallée, l’entreprise a opté pour : du préfabriqué, des entreprises locales et une réalisation en part propre importante. Les 7 500 m2 de façade en tuiles blanches ou de la partie logistique ont par exemple été réalisées en interne. Avec ces trois piliers, BBGO a pu mettre en place un planning très calibré, avec réservation des créneaux de livraison très en amont. « Piloté directement par les équipes, l’outil permettait de décharger les commandes au bon endroit au bon moment », se félicite Fabrice Kopp.

BBGO a aussi misé sur l’anticipation, notamment pour les planchers en bois (1 800 m3 utilisés), ce qui lui a permis de ne pas trop souffrir des pénuries. « Les planchers en CLT ont été conçus, dessinés et commandés bien avant que ne soit coulé le premier mètre cube de béton. Quelque 50 livraisons de plancher ont été programmées sur une période de huit mois », illustre Fabrice Kopp.

Pour aller plus vite, l’entreprise a aussi opté pour de nombreux éléments préfabriqués comme des prémurs et des prédalles, livrés par des fournisseurs situés à 30 km. De la préfabrication a aussi été réalisée sur place, notamment pour les longrines.

« Face à la pénurie de tuiles nous avons dû changer de fournisseur. Nous avons pu rester un peu près dans les délais grâce à un autre fournisseur picard, Edilians. Le fait de réaliser la pose en interne a aussi facilité les choses », souligne le responsable.

Carbone

L’impact carbone a été réduit par le recours au bois (2 100 m3 au total) mais aussi à du béton bas carbone (CEM III) qui a été utilisé pour les trois quarts des bétons coulés. Au menu également, de la peinture à base d’algue ou des sols souples en Marmoleum. « Tout a été optimisé dès la phase de conception. Le label biosourcé n’a pas été demandé mais le bâtiment atteint le niveau 3 », note Fabrice Kopp.

L’équipement, qui vise le label Passivhaus, a donc particulièrement soigné son étanchéité à l’air. « Les tests ont montré une performance supérieur de 20 % à celle exigé par le label », souligne Fabrice Kopp. L’équipement a été conçu en BIM mais cela ne sera pas utilisé pour l’exploitation-maintenance. Bardé de capteurs et d’un système de gestion technique du bâtiment (GTB), il sera pilotable à distance. Il s’agira cependant au préalable de bien former les utilisateurs au fonctionnement de ce nouvel édifice.

L’équipement a aussi la chance d'être connecté au réseau de chaleur mais aussi au futur réseau de froid urbain en cours de construction, ce qui a permis de retirer le groupe froid prévu à l’origine.

Réalisé via un marché public global de performance (MPGP) à 52,5 millions d’euros HT, comprenant exploitation et maintenance durant six ans, le projet a pris en compte dès le début l’optimisation des consommations d’énergie. Le groupement(1) ayant remporté ce MPGP s’est en effet engagé à ne pas consommer par an plus de 422 850 kWh en chauffage et 356 900 kWh en électricité.

La nouvelle cité administrative d'Amiens (Somme) - Passerelle
La nouvelle cité administrative d'Amiens (Somme) - Passerelle La nouvelle cité administrative d'Amiens (Somme) - Passerelle

Deux des trois bâtiments sont reliés par une passerelle. © T Deschamps/ArtBuild Architectes

Organisme vivant

« Les trois bâtiments ont été conçus comme un organisme vivant. De façon adaptative, intelligente, réactive, nous apportons une réponse à une crise écologique. Nous avons mis l’accent sur le bois dans la conception de la structure et les espaces à vivre afin de profiter de ses aspects biophiliques. Ce nouveau paradigme aligne l’éthique avec l’esthétique, le bien-être de l’humain avec celui de la planète », souligne Steven Ware, l’architecte de l’agence ArtBuild Architectes qui a conçu le projet. Il ajoute que les futurs occupants profiteront tous de manière équitable de ce contexte vivant : « Nous avons proposé trois plans quasi identiques, chacun orienté différemment, mais tous avec des vues vers le quartier, vers la ville, vers le ciel. L’architecture est conçue afin d’assurer plusieurs niveaux de flexibilité dans le temps entre court, moyen et long terme, ceci afin de permettre aux services une souplesse exemplaire. »

A partir du second semestre 2024, date prévue de leur installation, les près de 1 000 agents devraient pouvoir profiter des aspects biophiliques de l’équipement, qui comprend aussi un restaurant, une crèche et un jardin.

(1)Le groupement piloté par BBGO comprend aussi ArtBuild Architectes (architecte du projet), Elan (architecte d’intérieur), Economie 80 (économiste), les bureaux d’études Sogeti Ingénierie Bâtiment, Inddigo, Energelio, Lhirr, Acoustibel et le mainteneur Cram.

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