Apprentissage Enquête sur les apprentis du BTP

-Le CCCA a mené une enquête sur les conditions de vie et de travail des 50 000 apprentis des CFA du BTP (1).

L'enquête, réalisée par le CCCA, avec l'aide du ministère de l'Emploi, fait ressortir avec netteté les motivations des apprentis dans le choix de cette filière : le salaire et l'emploi. En 1988, lors d'une précédente enquête, 54 % des apprentis choisissaient cette filière pour échapper à l'école (« j'en avais assez de l'école », avançaient-ils) et 48 % pour apprendre un métier. Dix ans plus tard, il semble que les jeunes se dirigent vers l'apprentissage davantage par choix que par dépit même si 14 % disent n'avoir d'autre choix et que 25 % s'y engagent pour sortir de difficultés scolaires.

L'orientation vers le métier est rarement fortuite. Elle résulte d'un choix personnel (51 %) ou de l'influence d'un proche : 26 % choisissent un métier car il est pratiqué par un proche, auxquels s'ajoutent 6 % de jeunes qui veulent reprendre une affaire familiale. L'enquête apporte un satisfecit aux CFA du réseau CCCA. Manifestement, les apprentis sont satisfaits de leurs conditions de vie dans les CFA, appréciant globalement les conditions d'accueil, d'hébergement, de confort des équipements. Surtout, 91 % sont satisfaits de l'enseignement et 88 % disent pouvoir compter sur les formateurs. 68 % disent être bien informés sur les métiers du BTP, contre 28 % seulement sur les perspectives d'embauches dans leur région.

Lien entreprise-formation

La mise en contact avec l'entreprise est l'oeuvre du jeune dans 22 % des cas et de sa famille (26 %). Pour 7 % d'entre eux, il s'agit de l'entreprise familiale. Quant au choix de l'entreprise, relève l'étude, il est peu sélectif : pour 51 % des apprentis, l'entreprise choisie est la première qui accepte, 10 % s'intéressent à la réputation de l'entreprise, 11 % à son ambiance et 9 % au travail qu'il y effectuera. 64 % des apprentis contactent au plus cinq entreprises.

Dans 55 % des cas, le maître d'apprentissage est le patron de l'entreprise. Cela s'explique par la taille des entreprises qui accueillent les apprentis : 77 % ont moins de dix salariés. Près de huit apprentis sur dix rencontrent leur maître d'apprentissage chaque jour, davantage il est vrai pour travailler que pour faire le point sur leur formation. Les apprentis semblent s'en accommoder. 86 % avouent bien s'entendre avec leur maître d'apprentissage, 80 % jugent même qu'il les aide à progresser et 76 % qu'il leur laisse prendre des initiatives. Seul bémol, la prise en compte dans l'entreprise de l'enseignement dispensée au centre de formation est faible : seulement 38 % des maîtres d'apprentissage consultent le livret d'apprentissage du jeune à son retour en entreprise et 37 % seulement l'interrogent sur son travail au CFA. Logiquement, en cas de difficultés importante dans l'entreprise, le jeune se tourne d'abord vers son formateur d'atelier au CFA (27 %), puis vers avec son patron (24 %) ou sa famille (18 %).

Pour les trois quarts des apprentis, le travail qu'ils effectuent en entreprise correspond à ce qu'ils attendaient. Seuls 25 % déplorent un décalage entre leur travail et leur futur métier, un autre quart se plaint de « faire toujours la même chose ».

Point noir : les conditions de travail

Mais les principales critiques des jeunes portent sur leurs conditions de travail : plus de la moitié des apprentis ont eu un accident du travail (la plupart bénin) ou un problème de santé depuis la rentrée scolaire. 40 % des apprentis avouent ne disposer d'aucune tenue de sécurité, 37 % estiment que les règles de sécurité ne sont pas respectées sur les chantiers. En termes d'horaires de travail, la moitié des apprentis a travaillé un samedi, un dimanche ou un jour férié depuis la rentrée scolaire et 80 % ont effectué des heures supplémentaires, parfois sans aucune contrepartie (20 % des cas). L'étude révèle que ces pratiques sont davantage le fait des petites entreprises que des grandes. Manifestement, cela ne décourage pas les apprentis : 56 % veulent continuer leur formation au-delà du diplôme qu'ils préparent, soit pour se spécialiser dans un métier (41 %) ou pour être sûr de trouver un emploi (12 %). A l'issue de la formation, la moitié d'entre eux (53 %) souhaite être embauché dans l'entreprise d'accueil tandis que 10 % rejoindront l'entreprise familiale ou s'installeront à leur compte.

(1) L'enquête a été réalisée par Roux consultants entre avril et juillet 1997 auprès de 78 CFA et d'un échantillon représentatif de 3300 apprentis (2559 questionnaires ont effectivement été traités).

GRAPHIQUE : Rémunération nette hors-primes - La rémunération des apprentis est fonction de leur âge et de l'année de d'exécution du contrat. Toutefois, 19% des apprentis estiment que leur rémunération n'est pas conforme à ce que prévoit leur contrat; 35% disent avoir reçu leur salaire avec retard au moins une fois depuis la rentrée scolaire.

GRAPHIQUE : Répartition par diplôme préparé - Le CAP reste le diplôme roi de l'apprentissage dans le secteur ; mais plus d'un apprenti sur deux confie vouloir poursuivre ses études au-delà du diplôme qu'il prépare.

TABLEAU : Motivations : un métier, un salaire

Newsletter Week-End
Nos journalistes sélectionnent pour vous les articles essentiels de votre secteur.
Les services Le Moniteur
La solution en ligne pour bien construire !
L'expertise juridique des Éditions du Moniteur
Trouvez des fournisseurs du BTP !