Ça change de la sempiternelle pose de la première pierre ! Ce 10 novembre, à Dainville, a eu lieu la pose symbolique du premier pavillon tridimensionnel d'un programme de 19 logements. L'opération est éminemment plus spectaculaire qu'un coup de truelle puisqu'elle nécessite un grutage. Françoise Rossignol, maire de Dainville, n'est pas mécontente de son petit effet : « Nous avons pris un risque. Bel Air jusqu'à présent c'était plutôt du lotissement classique et de la brique. C'est bien qu'il y ait autre chose, non ? » En l'occurrence, des maisons de ville à ossature bois préfabriquées en atelier par BH, filiale de Bénéteau, le premier projet nordiste de la société vendéenne, laquelle, comme un clin d'œil, vient de livrer un béguinage à Quimper.
Néanmoins, Madame le Maire a dû s'employer pour convaincre : « Nous voulions de l'accession, sociale notamment, dans une forme nouvelle qui sorte du toit deux pentes. Nous sommes allés voir à droite à gauche ce qui se faisait. A Rennes, à Reims et même jusqu'à Malmö, en Suède. De ces voyages d'acculturation nous avons rapporté 5 000 photos. Ce qu'on aimait, ce qu'on n'aimait pas. Mais il n'est jamais facile de lancer un produit innovant en VEFA. Avec seulement cinq ventes réalisées en pré-commercialisation, devait-on démarrer ? Ce type de logement garantit des économies d'énergie considérables mais de cela, les banques ne tiennent pas compte. Finalement, chacun a fait effort et c'est aussi la grande réussite de cette opération. »
Un jeu collectif qui trouve sa source en 2009. Cette année-là, Dainville, commune très demandée pour sa qualité de vie urbaine à la campagne, rachète au Département du Pas-de-Calais une zone à urbaniser de 10 ha. Rapidement, l'aménagement du Champ Bel Air est déclaré d'intérêt communautaire. Une Zac est créée dont la concession est confiée en 2011 à la Sem Adevia, devenue depuis Territoires 62, et à laquelle le foncier est cédé en 2012. Entretemps, les élus dainvillois ont beaucoup réfléchi avec la population à ce que devait être ce nouveau quartier d'un peu plus de 300 logements. Mais dans cette opération mixte qui ambitionne de laisser l'architecture s'exprimer, le lot libre débouche trop souvent sur du bâti très classique. D'où le choix de compenser sur le lot collectif. Les Pavillons Bel Air sont ainsi avant tout la traduction d'une qualité et d'un engagement en termes de développement durable. « Qualité est vraiment le maître mot, poursuit Françoise Rossignol. Qualité architecturale, qualité des espaces publics et qualité environnementale. Nous n'avons pas cherché la labellisation écoquartier car nous sommes trop petits pour cela (à peine 6 000 habitants, NDLR) mais dans les faits, tous les critères ont été retenus. »
Puits carbone
Lauréat d'un concours lancé en 2013, le promoteur Crédit Agricole Immobilier a donc fait appel à BH pour la construction et à DVA Architecture (Calais) pour la conception. Habitat 62/59 Picardie et sa filiale Copronord complètent le dispositif. Il en ressort un ensemble de 19 logements 4 ou 5 pièces, chacun doté d'un garage et d'un jardin. 10 sont proposés en accession libre, 4 en PSLA et 5 en PLS. Prix de vente : entre 160 000 et 210 000 euros. « Le produit en soi constitue un véritable puits carbone puisque le bois permet de compenser largement le carbone généré par les autres matériaux et le transport sur site, explique Bruno Marotte, directeur général de BH. Quant aux performances, elles sont conformes ou supérieures à la RT 2012 et répondent aux normes de la construction en vigueur, notamment la DTU 31.2 sur la construction de maisons et bâtiments à ossature bois. » Depuis 2009, BH a livré plus de 700 maisons individuelles. « C'est comme si un entrepreneur du BTP se mettait à fabriquer des bateaux », souligne bien l'industriel.
Les premiers occupants des Pavillons Bel Air entreront dans leurs pénates au printemps prochain. D'ici là, au rythme d'une réservation par mois, il ne fait aucun doute pour le promoteur que la commercialisation aura été bouclée. La CUA précise, pour sa part, que l'aménagement de la Zac Champ Bel Air est en avance sur la programmation, qui doit s'achever en 2019. Preuve qu'il faut savoir faire des paris.
