Le 23 septembre dernier, une étude inédite du pôle d’innovation Iris-ST de la Capeb auprès de 3 000 artisans mettait le doigt sur les problèmes de plus en plus aigus de santé liés au stress. 95 % des répondants déclaraient "ressentir que leur activité est mentalement exigeante, et donc source de stress". 59 % des chefs d’entreprise se déclarent fatigués et 57 % stressés. Parmi les raisons avancées : le rythme de travail (au-delà de 50 heures hebdomadaires pour 58 % des personnes ayant répondu), les délais à respecter, l’isolement ou encore le déséquilibre entre vie professionnelle et vie personnelle sont cités par beaucoup comme des facteurs de stress. Le "burn out" des artisans n'était dès lors plus tabou. Lire notre article
Cependant la conséquence la plus dramatique de cet état d'abattement physique et moral n'avait pu être mesurée : le suicide.
Le Figaro.fr rapporte vendredi 17 octobre, comment la Capeb doit désormais faire face à de nombreux cas d'artisans mettant fin à leurs jours : «Plusieurs femmes d'adhérents à notre syndicat professionnel m'ont appelé pour m'informer du suicide de leur mari ou concubin, explique Patrick Liébus le président de la Capeb. Elles me le signalait car nous avons une caisse d'entraide. Mais habituellement, nous sommes sollicités suite à des dégâts des eaux, pas à des suicides.»
Pour mesurer l'ampleur du phénomène, la Capeb a demandé à ses représentants dans les départements de remonter tous les cas répertoriés de suicides d'artisans du bâtiment. Le chiffre est douloureux : en un an 300 chefs de petites entreprises se sont suicidés. «Les compagnes nous racontent toujours la même histoire, poursuit Patrick Liébus. Leur mari a mis fin à ses jours car il ne voyait pas comment ne pas faire faillite tellement les affaires se sont raréfiées ces derniers temps.»
"L'enracinement dans la crise" que dénonçait Patrick Liébus lors de son point de conjoncture le 16 octobre (notre article) aura donc fait près d'une victime par jour depuis septembre 2013.
