Au Congrès HLM, les bailleurs sociaux face « au mur de la rénovation »

Le nouveau DPE et la loi Climat et Résilience obligerait les organismes de logement social à rénover plus d’1 million de logements d’ici 2034. Des aides financières doivent être débloquées pour accompagner le secteur.

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Rénovation d'un immeuble de logements sociaux.

Le Premier ministre est attendu de pied ferme. Le Congrès HLM de Bordeaux, qui ouvre ses portes ce mardi 28 septembre pour trois jours, s’annonce comme un moment éminemment politique pour le secteur, soumis à la réduction de loyer de solidarité (RLS), qui grève les recettes annuelles des organismes HLM d’1,3 md€. Les bailleurs sociaux militent toujours pour la suppression de la RLS. Actuellement prévue jusqu’à la fin 2022, son abandon relèverait du coup de force. Car chaque année, Bercy veille à recevoir les sommes dues. Une autre voie s’ouvre aux bailleurs sociaux : convaincre le prochain gouvernement de mobiliser cette somme astronomique pour contribuer au financement de la rénovation énergétique du patrimoine.

Rénover ou ne plus quittancer

Avec l’entrée en vigueur au 1er juillet dernier du nouveau diagnostic de performance énergétique (DPE) qui prend plus en compte le poids carbone, les organismes HLM se trouvent face à un mur : rénover sous peine de ne plus pouvoir quittancer. Les bailleurs sociaux ont développé leur patrimoine en ayant recours au chauffage au gaz. A l’époque, ce système était jugé moins cher à l’installation et à l’usage. Problème, en 2021, le gaz n’a plus la cote puisqu’il s’agit d’une énergie très carbonée.

Rappelons que la loi Climat et Résilience interdit de louer les logements étiquetés « G » dès 2025. Même sanction pour les habitations étiquetées F en 2028. Le couperet tombera pour les logements étiquetés « E » en 2034. D’ici 15 ans, plus d’1 million de logements sociaux devront être massivement rénovés. Et il ne s’agit que d’estimations basses, qui s’appuient sur les DPE actuels, et non sur la nouvelle version. Le nombre de HLM à rénover pourrait être plus élevé. Selon la FNAIM, qui se base sur les données des administrateurs de bien et sur les premiers DPE, au lieu d’avoir 500 000 logements « G » comme le prévoit le gouvernement, ils pourraient être entre 800 000 et 1 million. « On part d’une situation où un DPE sur deux était vierge ou réalisé sur facture, donc peu fiable », tacle-t-on dans l’entourage de Barbara Pompili, la ministre de la Transition écologique, qui assure tout de même vouloir engager le dialogue avec les professionnels de l’immobilier.

Mettre à profit la RLS pour rénover

« Que les choses soient claires : je ne remets pas en cause l’objectif de rénover massivement ces logements, mais la RLS serait plus utile pour supprimer les étiquettes F et G que pour abonder les caisses de l’Etat », tacle Emmanuelle Cosse, présidente de l’Union sociale pour l’habitat.

Car la facture sera salée : pour sortir de l’étiquette « F » et « G », un bailleur social doit en moyenne débourser 35 000€ par logement. Mais pour passer à « D » ou même à « C », « il faut changer le mode de chauffe, opter pour une isolation thermique par l’extérieur… », énumère Emmanuelle Cosse, qui demande également des aides de financements sur du très long terme de la part de la Caisse des Dépôts. Autre problématique : « nous risquons de faire face à des appels d’offres infructueux », poursuit la présidente d’Union. Les trois jours à Bordeaux seront l’occasion de mettre ces enjeux sur le devant de la scène. Et de faire entendre le message aux deux autres ministres attendues sur place : Emmanuelle Wargon, en charge du Logement, et Nadia Hai, en charge de la Ville.

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