Auvergne Les difficultés commencent

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Au cœur de l’espace européen, la région Auvergne a su profiter de cette position centrale pour développer son économie. Avec plus de la moitié des communes classées en zone de montagne et près d’un quart de ses habitants résidant au sein de l’agglomération clermontoise, l’Auvergne recense 2 % de la population française (1,35 millions d’habitants) mais ne contribue qu’à hauteur de 1,8 % à la richesse nationale (PIB de 27,6 milliards d’euros). L’agriculture (céréales, oléagineux, betteraves) reste l’une des principales filières économiques régionales avec près de 60 % du territoire consacrés à cette seule activité qui emploie 6 % de la population.

Économie régionale

Le secteur industriel organisé autour de grandes entreprises françaises et étrangères ayant choisi de s’implanter en Auvergne (Michelin, Pechiney Alcan, Bosch, Valéo, Aventis, Danone, Sagem, Siemens, Hermès) capte 25 % des actifs régionaux. La contribution de la filière construction au PIB régional est, quant à elle, de l’ordre de 5 %. Par ailleurs, la région accueille depuis 2005, trois pôles de compétitivité de dimension nationale : « Innovation dans les céréales », « Viande et produits carnés » et « Via méca » (mécanique, aéronautique et biens d’équipement industriel).

Un tissu de PME-PMI dynamiques

Et aux côtés des grandes entreprises, un réseau de PME-PMI a su se développer dans des domaines tels que l’aéronautique, la chimie ou l’agroalimentaire. Moins dépendante que ses voisines du sud de la France aux secteurs de la construction et du BTP, son économie n’en est pas moins frappée par la baisse d’activité enregistrée sur le marché du logement.

économie du BTP

Selon l’étude trimestrielle réalisée par la direction régionale de l’équipement (DRE), le marché de la construction est en nette baisse au troisième trimestre 2008.

L’enquête relève entre autres une « accentuation du recul des logements autorisés avec 8 350 logements sur les douze derniers mois. Les autorisations du secteur collectif diminuent de 46,4 % sur l’année et les ouvertures de chantiers déclarées reculent de 19,5 % sur les douze derniers mois. Cette orientation touche toute la région mais l’ampleur de la baisse diffère entre départements.

Le nombre de logements autorisés diminue de 35 % dans le Puy-de-Dôme, 33 % dans l’Allier, 9 % en Haute-Loire et 5 % dans le Cantal. 607 appartements ont été autorisés au cours du troisième trimestre 2008, soit une baisse de 52,7 % par rapport au même trimestre de 2007 ». En année mobile, l’orientation est identique avec un repli de 46,4 %.

La rénovation reste active

La construction individuelle connaît, elle aussi, une baisse de 28 % ce même trimestre avec 1 404 logements autorisés (- 16 % en année mobile).

La baisse des ventes de logements neufs serait, quant à elle, de l’ordre de - 70 % sur la même période. Enfin, du côté des entreprises, l’Insee note une augmentation de 20 % des dépôts de bilan sur l’ensemble de la région depuis le début de l’année, notamment dans les secteurs de l’immobilier et de la construction. Après plusieurs années de croissance ( 7 % en 2006), l’activité bâtiment (2,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2007) marque donc le pas même si les marchés de l’entretien et de la rénovation restent plutôt actifs grâce au maintien de la TVA à 5,5 %. De quoi contribuer au dynamisme relatif du négoce régional.

La distribution matériaux y est majoritairement organisée autour de points de vente appartenant à des groupes nationaux ou franchisés. Autre caractéristique, la présence d’enseignes indépendantes spécialisées (matériels électriques, peinture, décoration, sanitaire-chauffage) jouant la proximité et le service. Enfin, le manque de potentiel de développement commercial lié à un faible taux de croissance démographique n’entraîne que peu d’évolution au sein de la distribution spécialisée régionale.

Un ralentissement déjà perceptible

En 2008, le paysage commercial n’aura que peu bougé. La CDEC du Puy-de-Dôme n’a eu à traiter que deux dossiers concernant le négoce matériaux : accord pour la création d’un point de vente Gedimat (SMS Matériaux Dufrançais) à Courdière pour une superficie commerciale de 900 m² et autorisation d’extension de 997 m² du Bricorama d’Issoire (superficie totale de 3 987 m²).

Le nombre de prestataires est donc limité, relativisant ainsi le phénomène de concurrence interenseignes. Cependant, l’ampleur de cette crise économique et financière commence à peser sur l’économie régionale.

« Le ralentissement est déjà perceptible, avance Bernard Gauthier, gérant d’une enseigne auvergnate de négoce de matériels électriques (2 dépôts - 2 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2007). J’estime cependant que nous ne ressentirons les premiers effets concrets de la baisse des mises en chantier qu’au cours du premier trimestre 2009. Plus largement, cette crise est avant tout une crise de confiance. La baisse de l’activité n’est pas encore vraiment significative au sein de la filière électrique », poursuit le négociant.

Selon lui, le négoce régional connaît traditionnellement de gros écarts d’activités selon les périodes de l’année. « La situation actuelle ne devrait donc pas avoir de répercussions importantes sur nos résultats. Je suis plus inquiet concernant l’entrée en application de la loi LME et des dispositions relatives aux délais de paiement. Elles constituent, en effet, davantage une menace à court terme qu’une opportunité. »

Des variations habituelles dans la région

Négociant en produits de gros œuvre et de second œuvre implanté dans le département du Puy-de- Dôme, Daniel Guillon (Guillon Matériaux - 3 points de vente) confirme les particularités du marché auvergnat : « L’activité n’est ni plus ni moins conforme à ce que nous avons l’habitude d’observer ; nous travaillons toujours de façon irrégulière selon les périodes de l’année.

Le tassement actuel n’est donc pas préoccupant sauf s’il devait se poursuivre dans les prochains mois. Et actuellement, mes clients professionnels parviennent à maintenir un volume de travail équivalent aux années précédentes. Si la situation venait à s’aggraver, son impact réel ne se ferait sentir qu’au printemps prochain ».

Les professionnels régionaux bénéficieront par ailleurs de plusieurs chantiers publics d’envergure. Clermont-Ferrand vient par exemple de lancer les travaux de ce qui constitue le cinquième plus grand chantier de France. La construction du nouvel hôpital d’Estaing (NHE) sur un ancien site industriel du groupe Michelin va mobiliser un investissement de 138,5 millions d’euros HT (98 000 m² - 565 lits - 400 000 heures de production).

Un lycée du Bâtiment, future vitrine de l’excellence

Autre signe encourageant, l’ouverture en septembre 2009 du « Lycée du Bâtiment » de Riom, construit et chauffé au bois (54,2 millions d’euros d’investissement), qui accueillera au total 1 200 élèves. Objectif : devenir l’un des pôles de formation d’excellence au plan national dans le domaine du bâtiment. Dans cette même logique de renfort de l’économie locale, la Région auvergne vient de renforcer son dispositif de soutien à la filière bois (négoce et construction) à travers un programme de valorisation et de qualification de ce mode de construction.

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