Avec son site des Batignolles, Holcim vise les chantiers du Grand Paris

Le cimentier suisse a dévoilé mercredi 14 mai sa centrale de production de béton prêt à l’emploi, située près de l’éco-quartier parisien en construction de la ZAC Clichy-Batignolles, avec pour horizon le Grand Paris.

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La centrale jouxte les terrains de la future ZAC Clichy Batignoles

Paris compte une centrale à béton de plus. Holcim vient en effet d’inaugurer son site de production Paris Batignolles, situé à l’intérieur de la capitale, jouxtant les 10 hectares de terrains qui constituent la ZAC Clichy-Batignolles. Or le projet d’aménagement de cette zone, outre le futur Tribunal de grande instance de Paris, prévoit la construction d’un éco-quartier respectueux de l’environnement. Comment concilier ces impératifs écologiques avec l’exploitation d’un site industriel ? C’est le défi qu’a relevé Holcim. « Cette centrale est certifiée Haute qualité environnementale. Un label que nous avons obtenu du premier coup » souligne Sébastien Yafil, directeur Construction durable chez Holcim France.

Cela se traduit par la mise en place d’équipements connus, comme le capotage d’une partie de l’installation, la rehausse des silos pour éviter que le vent n’y prélève de la poussière ou encore une aire de recyclage des eaux de lavage.

Voie ferrée

Beaucoup plus original en revanche est le mode d’alimentation. Pas de péniches ici, comme celles qui alimentent les centrales en bord de Seine, mais une voie ferrée. « Le site est celui d’un ancien atelier de la SNCF, raccordé au réseau. Nous avons construit deux quais qui nous permettent d’accueillir en simultané deux trains de 20 wagons détaille Xavier Barth, directeur de Holcim Ile-de-France Normandie. Ceux-ci livrent l’intégralité des granulats que nous consommons, soit 250 000 t par an, ce qui représente 10 000 camions en moins sur les routes ».

Ces trains sont formés d’un seul type de wagon, adapté au matériel de déchargement. Celui-ci est composé de quatre « sauterelles », des trémies mobiles qui se placent sous les wagons pour y extraire les granulats. Inventées pour la circonstance, ces extracteurs sont eux aussi montés sur rails. Ils versent sur un tapis convoyeur qui, à son tour, verse dans la trémie d’alimentation principale de la centrale. Puis les granulats sont montés en haut des silos pour y être stockés.

Un voyage qu’ils ne font pas par tapis dont la longue pente aurait nécessité trop d’espace, mais par un élévateur à godet, également appelé « skip ». Avantage : cet équipement compact ne prend pas de place. Inconvénient : il est fragile et exige un entretien soigné. « C’est la bête à chagrin des centrales à béton » soupire Florian Lebrun, responsable d’exploitation.

Or cette centrale en compte un second puisqu’il faut y ajouter celui montant vers le malaxeur. Ou plutôt vers les malaxeurs car il y en a deux : un de 2,5 m³, le volume classique, et un plus rare de 4 m³, le plus gros d'Holcim en France. « Nous anticipons l’évolution de la réglementation routière qui devrait autoriser davantage de charge utile, donc des volumes de toupies plus importants que ceux d’aujourd’hui » espère Xavier Bath.

Grand Paris

Malheureusement le manque de place n’a pas permis d’attribuer à chacun des malaxeurs sa propre aire de livraison. Ils ne peuvent donc pas travailler simultanément, ce qui limite la capacité de production totale à celle du plus gros des malaxeurs : 120 m³/h. C’est suffisant pour atteindre l’objectif que Holcim s’est fixé, à savoir la fabrication de 1000 m³ par jour.

Les chantiers avoisinant devraient lui permettre d’atteindre rapidement cette cadence. En effet, le rayon d'action de la centrale devrait en faire un acteur essentiel des nouvelles constructions du Grand Paris, à commencer par le quartier des Batignolles, dans le 17e arrondissement. "Ces 10 hectares sont une des dernières grandes zones à construire dans Paris intra-muros", a rappelé Xavier Barth. En ce qui concerne le futur Palais de Justice, "il y a des discussions très avancées entre Bouygues et nous" a-t-il précisé.

Armé de sa nouvelle centrale coiffée par une tour de 24 mètres, l'entreprise souhaite également se positionner sur le chantier de la DRPJ, opéré par Vinci. Enfin la prolongation de la Ligne 14 du métro à Pont Cardinet et Porte de Clichy (à proximité) pourrait logiquement faire partie de ses prochains contrats.

Le président de la filiale française d'Holcim a par ailleurs refusé de commenter le projet de fusion "entre égaux" avec Lafarge qui devrait donner naissance au géant mondial du ciment d'ici un an. "Les temps à venir sont prometteurs" a seulement déclaré Gérard Letellier, d'un air gourmand.

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