Le débat sur la restauration de Notre-Dame de Paris vire à la bataille d'Hernani du matériau. Tout commentateur attaché au registre hugolien a ainsi tendance à analyser les discussions sur la reconstruction de la charpente disparue de la cathédrale comme une nouvelle querelle des anciens et des modernes. Aux premiers, la manie de vouloir refaire comme avant et donc en bois ; aux seconds, l'option du verre, du titane, du béton ou de l'acier, toutes choses qui seraient bien davantage « de notre époque ». Et pour achever le tout, comme l'a suggéré l'architecte Jean-Michel Wilmotte, on piquerait sur le toit une nouvelle flèche en carbone.
Que le bilan carbone du futur chantier atteigne un sommet, en revanche, préoccupe assez peu. Alors même que l'époque est à vanter un projet de village olympique 100 % biosourcé pour les Jeux de 2024 ou à lancer un label gouvernemental pour auréoler les initiatives bonnes stockeuses de CO , il n'est pas grand monde pour suggérer de faire de la cathédrale un emblème de la construction écologique. Rares sont ceux qui défendent l'idée qu'une nouvelle charpente en bois serait un monument de séquestration du carbone. Il est vrai que le choix structurel sera plus sûrement dicté par la volonté présidentielle de piquer un sprint pour achever les travaux dans les cinq ans que par le supposé caractère novateur de telle ou telle solution. Et le bois devra dans ce cas probablement s'incliner devant le béton ou le métal. La vraie modernité serait pourtant d'utiliser le chantier de Notre-Dame pour en faire un symbole de la lutte contre le changement climatique. C'est là un enjeu bien plus « de notre époque ».