Extrêmement dépendante du territoire national sur le plan énergétique, la Bretagne aimerait produire localement près du quart de sa consommation (hors transports) d’ici à 2020. Les objectifs du plan énergie Bretagne prévoient ainsi 500 mégawatts éoliens en mer d’ici à 2015 et 1 000 MW à l’horizon 2020. D’ici à 2011, EDF a prévu d’immerger un groupe d’hydroliennes à 15 km au large de Paimpol (Côtes-d’Armor). « Il s’agira du premier démonstrateur implanté en France. Cette ferme sous-marine produira de l’électricité à partir de l’énergie contenue dans les courants de marées et comprendra entre 4 et 10 hydroliennes d’une capacité totale de 2 à 4 MW », indique le groupe qui vient de retenir la société irlandaise OpenHydro Group Ltd pour construire les engins.
Lestées à 40 m de profondeur
Immergées et faciles à déplacer, ces hydroliennes peuvent être émergées pour la maintenance. De 20 m de hauteur avec des pâles affichant un diamètre entre 15 et 20 m, elles seront lestées au sol à 40 m de profondeur et raccordées à un câble qui transportera le courant produit. L’investissement dépassera les 20 millions d’euros, financés à plus de 50 % par EDF, le reste par l’Ademe et le conseil régional de Bretagne.
DCNS, leader européen de la construction navale militaire qui dispose de sites à Lorient et Brest, s’intéresse à trois systèmes de production : l’éolien flottant, l’hydrolien et l’énergie thermique des mers. « Aujourd’hui, les éoliennes traditionnelles sont posées au fond de la mer. Leur implantation est donc limitée à des fonds d’une cinquantaine de mètres. Cela nécessite des investissements très lourds et de surcroît, il n’est pas toujours aisé de gérer les conflits d’usage. D’où l’idée d’éoliennes flottantes de très grande taille positionnées à 10, 20 ou 30 km des côtes », explique Frédéric Le Lidec, chef du projet « énergies renouvelables » à DCNS. « Plus on s’éloigne des côtes et plus on gagne en vent, poursuit-il. Mais, à l’inverse, le raccordement au réseau électrique coûte plus cher... Il existe un équilibre économique à trouver. »
Début octobre, le pôle de compétitivité Mer Bretagne a reçu une demande de labellisation du projet Winflo, porté par la PME morbihanaise Nass and Wind, DCNS et Saipem, réputée internationalement pour son savoir-faire dans les plates-formes pétrolières off shore. Objectif : concevoir et installer une éolienne flottante au large des côtes bretonnes.
A six milles nautiques des côtes
Dans ce programme d’innovation, DCNS vise des fonds de 50 à 150 m. Un démonstrateur proche de l’échelle 1 et doré d’une puissance de 2 à 3 mégawatts serait rapidement réalisé, raccordé au réseau EDF pour démontrer la pertinence du modèle économique.
Plus avancé et aussi difficile, le projet de Poweo dans la baie de Saint-Brieuc : via sa filiale EED (Espace éolien développement), l’opérateur d’électricité veut implanter à 6 milles nautiques de la côte 30 éoliennes. « Cela nous offrirait une capacité de production de 150 MW, soit 15 % de la consommation totale des Côtes-d’Armor », indique Grégoire Durand, ingénieur en charge du projet. Avec des mâts de 5 m de diamètre, ces éoliennes seraient raccordées au réseau électrique via des câbles ensouillés en mer puis des câbles souterrains à terre. Coût total : 500 millions. Les études sont en cours.