Pour construire le village d’entreprises tertiaires Océanis, qui abrite déjà son propre siège à Maxéville (Meurthe-et-Moselle), le groupe Ecologgia a mis en œuvre des éléments constructifs qu’il a conçus et fabriqués. A la fois maître d’ouvrage, promoteur, concepteur et fournisseur, l’entreprise démontre sur ce programme de 15 000 m² la pertinence d’une préfabrication poussée.
Conçu par les architectes nancéiens André et Moulet, le parc Océanis compte cinq bâtiments composés de deux plots indépendants répartis sur trois niveaux de 464 m². La quasi-totalité des pièces préfabriquées est réalisée par le pôle construction du groupe, basé à Nomexy (Vosges), à 50 km du chantier. A chaque étage, l’enveloppe se compose de 11 éléments de 3,50 m de hauteur, 6 m de longueur et 165 mm d’épaisseur. Des camions acheminent dès l’aube les éléments dûment numérotés, sans les contraintes qu’entraînerait un convoi exceptionnel.
Posés à la grue, trois éléments peuvent suffire à réaliser un mur de 24 m de longueur. Chaque étage est ainsi posé en trois jours et demi par quatre compagnons. Les façades préfabriquées intègrent pare-pluie, pare-vapeur et finition externe. Les panneaux comportent une goutte d’eau en aluminium, une structure en mélèze pour les façades et en épicéa massif pour les planchers, et une isolation intégrée. Sous le bardage, le pare-pluie coloré confère au bâtiment son identité visuelle. « Chaque bâtiment nous permet de tester différents isolants. Le premier présente des performances proches d’un bâtiment passif, alors que nous ne visions que la basse consommation ! », indique Philippe Weitling, architecte et directeur général d’Ecologgia.
Livré en février dernier, ce bâtiment présente une isolation en ouate de cellulose posée sur place pour éviter que le matériau ne se tasse lors du transport. Les joints sont traités à la pompe en atelier et sur chantier. Les pièces, réalisées par des machines à commande numérique, s’ajustent parfaitement.
Etanchéité à l’air
Mesurée par le Critt Bois, centre de ressources pour les entreprises de la filière bois, la perméabilité à l’air du bâtiment est de 0,22 m/h.m², soit une performance très proche des normes allemandes de construction passive, fixées à 0,20 m/h.m². Pour les bâtiments suivants, Ecologgia expérimente la laine de bois.
Les six éléments de contreventement, d’une tonne chacun, sont fixés par huit goujons sur quatre sabots métalliques préscellés dans le béton. Soudées en atelier, les coursives font office de brise-soleil pour les étages supérieurs des façades orientées plein sud. Les garde-corps latéraux sont posés à la grue. La préfabrication donne toute sa mesure à l’intérieur du bâtiment. Les plafonds et planchers comportent des saignées pour assurer la distribution des fluides.
« Sur le premier bâtiment, l’isolation des pignons, réalisée sur le chantier, a demandé trois semaines de montage à deux personnes. Pour le deuxième, la pose de chaque pignon a été effectuée en une journée par quatre personnes, les panneaux intégrant l’isolation. L’atelier travaille sans stock, en flux tendu, et nous atteignons une durée de chantier incompressible », estime Philippe Weitling. Le groupe pourrait améliorer ces performances grâce au site de Rumilly (Haute-Savoie), repris fin 2010. Société sœur d’Ecologgia, Techniwood produira dès septembre des Panobloc, panneaux tressés imbriquant la partie structurelle et l’isolant. En laboratoire, ces cloisons présentent des performances thermiques supérieures de 30 % à celles d’un mur à ossature classique, à épaisseur égale.
