L’Egypte vient d’annoncer le creusement d’un deuxième canal de Suez (lire notre article p. 8). Objectif : augmenter le trafic pour presque tripler ce qui est aujourd’hui sa principale source de devises étrangères avant le tourisme, victime de l’instabilité politique.
Les Français se souviennent qu’ils ont participé au percement du canal il y a un siècle et demi, aux côtés des Egyptiens, pour ouvrir la voie maritime de l’Orient sans contourner l’Afrique par le cap de Bonne-Espérance.
Peu d’ouvrages anciens impactent encore aujourd’hui à ce point l’activité humaine. On citera bien sûr le canal de Panama, également lancé par les Français dix ans après l’aventure de Suez. Comme lui, il évitait le contournement d’un continent. Comme lui, il était un défi technique hors norme. Comme lui, il recourait à une levée de fonds géante à la Bourse de Paris.
Certes, fièvre jaune et glissements de terrain eurent raison du chantier français de Panama qui fut achevé en 1914 par les Américains. Près d’un siècle plus tard, des Français sont de retour aux côtés des Belges notamment. Tractebel Engineering (GDF-Suez), la Compagnie nationale du Rhône et Geodis (SNCF) participent à son élargissement depuis 2009 (lire « Le Moniteur » du 20 septembre 2013, p. 13).
A Suez, la création d’un million d’emplois est annoncée pour le doublement du canal. On se prend à rêver à de tels programmes et de tels investissements, en France, pour nos entreprises. Et pourtant, si ces opérations restent fascinantes par leur ampleur, d’autres projets et défis techniques d’envergure sont là, à notre portée. Logement, transition énergétique, maintien de nos équipements… sont nos grands chantiers nationaux d’aujourd’hui. Moins spectaculaires et plus respectueux de l’environnement dans leur réalisation sans doute. Ils doivent trouver leurs héros : les Ferdinand de Lesseps (1805-1894) des temps modernes.
