Alors que les hommes politiques font mine de ne pas penser à la présidentielle en se rasant le matin, l’architecte Roland Castro a annoncé jeudi qu'il serait candidat à l'Elysée en 2007 pour "réveiller poétiquement et politiquement" le scrutin.
Dans un communiqué, l'architecte urbaniste, âgé de 64 ans, a rappelé qu'après le 21 avril 2002, où Lionel Jospin, devancé par Jean-Marie Le Pen, avait été éliminé dès le premier tour de la présidentielle, il avait fondé le Mouvement de l'utopie concrète (MUC). Il s'agit, selon lui, d'un "mouvement de citoyens animés par le même désir de faire de la politique sans forcément en faire une profession".
Ce pavé dans la mare politique n’est pas surprenant de la part de cet architecte qui, dès l’élection de François Mitterrand en 1981, avait crée avec Michel Cantal-Dupart une structure d'intervention et de réflexion sur les banlieues qui donnera par la suite naissance à l'opération "Banlieues 89".
Roland Castro a toujours considéré l’architecture comme un moyen d’action politique. "Dans la société du libéralisme, où la guerre de tous contre tous est la règle, où chacun n’est plus qu’un corps ou un produit plus ou moins performant, il y a à produire un immense projet indispensable pour restaurer de la civilité, du lien, du lieu de la parole, du partage" écrivait-il par exemple en préface d’une plaquette intitulée "Une utopie concrète pour le grand Paris ».
« Les grandes métropoles sont aujourd’hui le destin du monde. Dans la métropole, le lien est distendu, voire brisé, et le lieu y contribue. L’urbanité fait défaut jusqu’à produire des ghettos, de l’apartheid urbain. Montfermeil et Neuilly cohabitent dans la peur".
Selon lui, l’architecte doit intervenir comme un couturier sur un tissu urbain - et social – déchiré. De la Bourse du travail à Saint-Denis (1983, avec Antoine Stinco) à la transformation de l'ensemble du quai de Rohan à Lorient (1996), son travail reflète cette vision, qu’il présente notamment dans son dernier ouvrage, "Civilisation urbaine ou barbarie" aux éditions Plon.
J-P Defawe
