Le bâtiment regroupe une pharmacie et son studio de garde, deux cabinets médicaux, un cabinet infirmier et un salon d’esthéticienne. Dans ce site isolé (à deux pas de Ronchamp), ce programme acquiert l’envergure d’une institution. L’enveloppe architecturale répondant à cette demande est une boite allongée en R 1, bien perceptible depuis la voie et unifiée par les lattes verticales de mélèze. Le règlement d’urbanisme imposant un toit sur 50% de la surface, deux versants émergent du parallélépipède. Mais contrairement aux charpentes traditionnelles, la structure de ces pans inclinés monte depuis le centre de la construction vers l’extérieur. Les architectes revendiquent l’image des « jupons relevés » et donnent à voir l’ensemble des fines pièces de construction. Non pas qu’ils élaborent une démonstration didactique, mais simplement parce qu’ils accordent au parti pris structurel de la couverture une qualité plastique réelle et suffisante, un véritable morceau d’architecture.
Sur le rez-de-chaussée en béton, les façades porteuses et les refends du 1e étage, réalisés entièrement en ossature en bois, supportent une dalle bois composée de nombreuses planches (50 x 220 mm) posées à chant. L’écartement entre ces pièces est si réduit qu’on ne peut nier le rapprochement avec les dalles en planches clouées. De fait, la charpente, préfabriquée en éléments de 120 ou 240 cm de largeur, est dérivée du principe « Opportune » breveté par l’ingénieur J.-L. Sandoz, missionné pour ce projet.
A l’écoute des architectes, ce dernier a cherché à minimiser le cube de bois en interposant de courtes cales d’épaisseur à la place de la deuxième nappe de planche, composant habituellement le système. Ces intercalaires permettent des alternances entre les alignements de planches continues. Quand ils se transforment en butons pour supporter les bois inclinés, ces pièces s’inclinent légèrement et engendrent une vibration de ligne, composée par les architectes sur un rythme sinusoïdal.
Directement apparent en plafond des locaux et en sous-face des toitures inclinées, le système constructif offre des interstices dans lesquels la lumière naturelle glisse et ne laisse pas percevoir le creux des cavités, quand elle ne cède pas la place à des tubes fluorescents étroits. L’intervalle entre les planches laisse aussi perceptible le pare-vapeur et offre dès lors une surface conséquente d’absorption acoustique. Le bois de cette charpente est laissé brut, accepté dans ses variations de teinte et de dimension, ce qui rappelle que le travail du charpentier n’est pas de l’ébénisterie mais peut cependant constituer l’aspect fini de l’ouvrage.










