Sous la houlette de Michel Brochu, artisan menuisier féru de développement durable, la Menuiserie de l’Isac, installée à Nort-sur-Erdre (44), ne réalise quasiment que des chantiers écologiques.
Répondant à la demande d’un particulier – une famille de quatre enfants souhaitant vivre dans une maison très peu consommatrice en énergie, elle s’est engagée, pour la première fois, dans la construction d’une maison à ossature bois.
Travail sur tous les critères du label BBC
« Nous avons commencé par des constructions de maisons en briques et bois. Ce projet novateur est une occasion de décliner les orientations de l’entreprise et de mettre en œuvre des techniques et produits nouveaux. C’est un choix d’avenir », assure l’artisan menuisier, qui souhaite développer d’autres projets de ce type à l’avenir, en intégrant ces performances à tout type de logement. Les clients interviennent eux-mêmes en fin de chantier (pose des lambris, parquets et mur de briques de terre crue intérieur).
Le projet n’est pas labellisé bâtiment basse consommation, car le coût d’obtention est prohibitif. « Mon client préfère investir dans un projet concret, plutôt que dans un label, analyse Michel Brochu. Mais nous travaillons sur tous les critères du label. » Par ailleurs, la Menuiserie de l’Isac utilise principalement des matériaux écologiques, sauf exception. Ainsi, pour l’étanchéité, des joints en silicone ont été utilisés, car les nouveaux produits existants en matériau bio sont trop onéreux. La pose de l’isolant est minutieuse et déterminante pour assurer les performances et une plus longue durabilité.
- En extérieur, l’entreprise a posé de la fibre de bois, compressée à forte densité (220 kg/m3), pour créer de l’inertie et éviter que la chaleur ne pénètre à l’intérieur. Cette enveloppe recouvre les murs et toiture et évite tous les ponts thermiques.
- En partie intérieure, une laine de bois (55 à 65 kg/m3), ou de la ouate de cellulose de même densité, ont été posées dans les murs : ces matériaux ont un fort pouvoir isolant et une inertie qui apportera un confort intérieur.
- Au sol, une fibre de bois isole la dalle de béton (posée par-dessus), et vient au contact des isolantsposés sur les murs.
Des tests d’étanchéité à l’air convaincants
Le traitement de l’étanchéité à l’air a été particulièrement travaillé et testé. Mise sous pression à 50 Pa, la maison a obtenu un taux de déperdition faible de 19 % (le label BBC exigeant 16 %). « Ce résultat aurait pu être encore bien amélioré, si les menuiseries avaient été posées selon mes préconisations, ce qui n’a pu être fait », précise Michel Brochu, qui conseille l’ajout d’un lot « enveloppe du bâtiment ». Ainsi, pour éviter la création de pont thermique autour des ouvertures, les fenêtres devraient être posées derrière la paroi isolante extérieure, « créant une embrasure, ainsi que cela se pratiquait autrefois ».
L’approche écoconstruction a donc un impact sur l’ensemble du chantier, modifiant sa structure, le choix des isolants, ou la pose des fenêtres…
- Ventilation double flux. Elle sera particulièrement performante, grâce à l’utilisation de gaines semi-rigides, faciles d’entretien, puisque l’introduction du hérisson de maintenance est possible jusqu’à une longueur de 15 mètres. Cet entretien régulier évite aux fibres et poussières humides de s’accumuler dans les conduits (pollution fréquente qui annule les effets bénéfiques de la VMCdouble flux).
- Coffrets techniques. Toutes les gaines passent dans la partie chauffée et sont accessibles grâce à deux coffrets techniques. Ils facilitent l’entretien des réseaux et permettent d’intégrer, à terme, d’autres technologies (panneaux photovoltaïques...).
Les gaines d’alimentation des fils électriques sont protégées par un film protecteur – système novateur vendu en 2008 par l’entreprise Legrand – pour protéger des ondes et pollutions électromagnétiques. « Il a fallu former l’électricien qui est intervenu sur ce chantier, raconte Michel Brochu. Il a assisté aux tests d’étanchéité à l’air et a été convaincu par les résultats. Désormais, il souhaite proposer ce type d’installation et de gaines à ses clients. »
Maison bioclimatique
- Lumière naturelle. La maison est éclairée au maximum par la lumière naturelle. Pour récupérer de la chaleur en hiver, les vitrages sont orientés au sud. L’été, ces baies vitrées sont protégées par des brise-soleil.
- Mur en terre crue et sol en terre cuite. Un mur longitudinal en terre crue traverse l’intérieur du bâtiment et le sol est constitué de terre cuite : ces deux matériaux emmagasinent de la chaleur le jour et la restitue la nuit en hiver ; phénomène inversé en été.
Pour mettre en œuvre ces nouveaux produits, Michel Brochu se forme et forme ses salariés, soit en interne à l’atelier, soit sur chantier avec le fournisseur.


