La mise en eau du barrage des Trois Gorges, dans le centre de la Chine, s'est poursuivie hier alors que la réapparition de fissures dans l'ouvrage suscite des interrogations sur la validité d'un ouvrage géant ayant coûté quelque 25 milliards de dollars.
Les 22 vannes et 19 des 23 canalisations de diversion situées à la base de l'ouvrage ont été fermées samedi à minuit (16H00 GMT) et le niveau de l'eau atteignait les 106 mètres dimanche à midi, a indiqué la télévision d'Etat qui suit l'événement de près.
Le niveau de l'eau doit atteindre son maximum de 135 mètres vers le 15 juin.
La navigation sur le Yangtse près de Yichang, où se situe le barrage, a été interrompue et il faudra atteindre le 16 juin pour que les croisière touristiques puissent reprendre.
Après deux semaines de remplissage, le réservoir devrait mesurer 436 kilomètres de long.
Mais la controverse concernant cet ouvrage haut de 185 mètres a été relancée par les dernières inspections avant la mise en eau, qui ont montré que les travaux de réparation des fissures n'ont pas été une complète réussite.
"Nous avons noté que certaines des fissures verticales sur le barrage qui ont fait l'objet de réparations sont réapparues en dépit des importantes quantités d'argent et d'efforts investies dans ces travaux", a déclaré Pan Jiazheng, ingénieur, dans un discours prononcé à l'issue de ces inspections.
"Ce serait une lourde faute de penser que parce que nous avons la deuxième phase des travaux (la construction du barrage proprement dit, NDLR) derrière nous, nous n'avons plus rien à craindre", a indiqué l'ingénieur lors de la cérémonie de clôture des inspections le 21 mai dernier.
"Alors que nous entrons dans la troisième phase du chantier (mise en place des turbines pour produire l'électricité), il faut tout faire pour que l'ouvrage soit de première qualité, ou pour le moins qu'il ne comporte pas de fissures de 10 mètres de haut", a ajouté un membre de l'Académie de sciences de Chine et ancien directeur adjoint de l'Académie des ingénieurs.
Treize villes et 116 bourgs ruraux vont être engloutis à jamais, suite au déplacement de 724.000 habitants, pour la plupart vers des villes nouvelles.
