Le ministère de l'Equipement a décidé de rappeler à l'ordre la société privée concessionnaire d'autoroutes Cofiroute, qui ne respecterait pas ses engagements de délais pour la construction des tronçons d'autoroutes dont elle a la charge.
Le ministère, dans une démarche plutôt inhabituelle à l'égard d'un concessionnaire, somme Cofiroute "de se mettre au travail sans délai, sous peine de sanctions financières" afin de terminer ses travaux autoroutiers dans l'ouest de la France.
Il s'agit d'achever la portion de l'A11 (contournement d'Angers), de l'A28 entre Alençon et Tours et de l'A85 entre Tours et Vierzon.
Dans l'entourage du ministre, on souligne que "ces retards sont injustifiés", hormis pour une partie de l'A28 dont le chantier est bloqué en raison de la présence d'une espèce protégée, le scarabée pique-prune.
"Sinon il n'y a aucune raison à de tels retards dans l'avancement des travaux", indique-t-on en citant l'exemple de l'A85 qui aurait du être achevée fin 2003 et aura vraisemblablement quelques années de retard. Pour l'entourage du ministre de l'Equipement, une des explications à ce manque d'empressement tiendrait dans la structure capitalistique de Cofiroute qui est devenue une société majoritairement contrôlée par le numéro un du BTP Vinci et "qui, depuis, cherche avant tout à gagner de l'argent". Interrogée, Cofiroute a souligné avoir déjà engagé d'importants investissements dans les travaux à réaliser et estime tout à fait "inadaptée la demande du ministère de se mettre au travail". "Nous sommes déjà au travail depuis longtemps", a indiqué une porte-parole.
Dans une lettre envoyée à Cofiroute parallèlement au communiqué diffusé à la presse, le ministère de l'Equipement demande à son concessionnaire de s'engager sur un calendrier précis de travaux et attend une réponse d'ici 15 à 20 jours. "Sans réponse de leur part, nous appliquerons les sanctions financières prévues dans le cahier des charges établi lors de la signature des contrats", a-t-on indiqué au ministère. Cette polémique naissante entre Cofiroute, la seule grande société privée concessionnaire d'autoroutes, et l'Etat français risque de laisser des traces et de perturber le processus de privatisation en cours des grandes sociétés autoroutières françaises qui sont dans les mains de l'Etat.