Née en France en 2017, l’offre de coliving devrait passer de 17 000 lits actuellement à près de 30 000 en fin d’année prochaine, selon les sociétés de conseil JLL et CBRE.
Si ce jeune produit constitue l’actif résidentiel préféré des investisseurs aussi bien nationaux qu’internationaux, les opérateurs étrangers sont minoritaires dans ce paysage dominé par la filiale d’exploitation Ecla du groupe français Uxco, dont la résidence de 1800 lits avec 4000m² de services à Palaiseau (Essonne) est la plus grande d’Europe.
Le pure player Colonies, qui a levé 71M€ depuis 2019, ou encore l’investisseur-exploitant The Boost Society, qui achète en Vefa des résidences de plus de 150 lits, animent également le marché.
Au milieu de ces acteurs tricolores, l’exploitant italien Joivy (ex-DoveVivo), qui gère 2000 chambres dont 1200 à Paris pour le compte d’investisseurs particuliers et institutionnels ou de family offices, tire son épingle du jeu. « Nous sommes approchés par des foncières tertiaires pour envisager des reconversions de leurs bâtiments en coliving, mais elles peuvent être refroidies par la division par un et demi ou deux du loyer attendu, par rapport au bureau », confie Axelle Baillet, directrice en France.
Toutefois, des projets se concrétisent. En témoigne la transformation en cours à Paris (Xe arrondissement) de locaux d’activités qui intégreront une dose de meublé touristique, loué plus cher qu’un appartement en coliving, pour rentabiliser l’opération.
Croissance organique de 20% par an
De Lille à Montpellier en passant par Lyon, le développement de Joivy a été ralenti en cette année de crise immobilière. « La baisse de notre activité du côté des propriétaires particuliers (qui souhaitent se lancer dans le coliving via Joivy, NDLR) a été en partie compensée par les institutionnels mono-propriétaires d’immeubles comme Gecina et PGIM. Au fil des départs des locataires, ces derniers transforment 3 ou 4 appartements sur la vingtaine que compte le bâtiment », observe-t-elle.
Son dernier site parisien a ouvert dans le IXe arrondissement en juillet. Il s’agit d’un bâtiment mixte qui a fait l’objet d’une restructuration-surélévation. Joivy exploite 22 chambres et 5 studios pour le compte du groupe Wajsbrot, qui détient par ailleurs des campings et des pieds d’immeubles commerciaux. Les espaces communs comprennent une buanderie, un local vélo, une salle de yoga, un espace de coworking ainsi qu’une terrasse avec vue sur la Tour Eiffel. Les clients ciblés sont des étudiants, des jeunes actifs et des entreprises désireuses de loger des salariés en déplacement ou des consultants en mission temporaire.
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Un chantier à la sauce Joivy coûte a minima 400€/m² : cloisons pour créer une chambre, circuit électrique, peinture, remise à niveau de la salle de bain, de la cuisine… Le groupe travaille avec Bond Society et PCA-Stream, « des agences d’architecture qui s’intéressent aux nouveaux usages », souligne Axelle Baillet.
Présent en France depuis 2020, Joivy a acquis le lyonnais Chez Nestor et le groupe européen Altido en 2022. Deux marques qui lui ont permis de tisser sa toile à vitesse grand V. Axelle Baillet vise pour le marché français une croissance organique, de 15 à 20% par an, et externe, en intégrant de petits acteurs qui exploitent un maximum de 200 lits.
Outre le coliving, Joivy loue des milliers de logements étudiants, mais uniquement en Italie, son premier marché. Le groupe de 450 salariés à travers sept pays est également positionné sur la location de courte durée, de Carcassonne (Aude) à Londres (Royaume-Uni) en passant par Madrid (Espagne).