Comment la blockchain va bousculer la construction

D’ici cinq ans, ce protocole pourrait bien modifier la chaîne de valeur de l’immobilier.

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Mai 2015 : le gouvernement du Honduras annonce vouloir mettre en place un cadastre numérique sécurisé pour gérer les titres fonciers, grâce à la blockchain. La quoi ? La blockchain, littéralement « chaîne de blocs ». Ce nom désigne une innovation qui a permis de déployer le bitcoin, une monnaie virtuelle, en la certifiant sans avoir besoin d’intermédiaire (voir schéma ci-dessus). Par exemple, la distribution de bitcoins se passe de banque centrale. Quel lien avec le BTP ? La suppression des intermédiaires, justement, qui pourrait conduire la blockchain à perturber fortement la chaîne de valeur dans le secteur du bâtiment.

Monétiser la maquette numérique.

« Certains experts estiment que nous ressentirons l’impact de la blockchain dans le bâtiment d’ici deux à cinq ans », indique Hervé Moal, directeur de la société de conseil en immobilier Arp-Astrance. Ce protocole n’a pas en lui-même tellement d’intérêt pour les professionnels du bâtiment. « Mais, combinée à des technologies de rupture, il va générer de l’efficience et créer un nouveau modèle économique, estime Emmanuel François, président de l’association Smart Building Alliance (SBA). Par exemple, la production d’énergie décentralisée émerge dans les smart cities. Avec la blockchain, les petits producteurs peuvent se passer des énergéticiens pour la commercialiser et la distribuer. »

D’ailleurs, dans le quartier de Brooklyn à New York, des habitants, regroupés dans une coopérative nommée TransActive Grid, échangent déjà de l’énergie solaire entre eux grâce à la blockchain. Demain, cette technologie permettra également de monétiser les services, actuellement difficilement quantifiables. « Aujourd’hui, nous avons du mal à définir l’apport de chacun dans la maquette numérique. Avec la blockchain, nous saurons qui a contribué et à quelle hauteur le professionnel doit être rémunéré », estime Hervé Moal.

Le secteur assurantiel est également concerné : « Cette technologie permet de certifier un contrat à distance. A terme, les courtiers en assurance seront en danger », pressent Emmanuel François. En février 2016, Axa Strategic Ventures a par exemple investi 55 millions de dollars dans la start-up canadienne Blockstream. La jeune société développe « un protocole blockchain capable de mettre en place des réseaux publics et privés pouvant interagir les uns avec les autres, et ainsi d’assurer des transactions agiles et sécurisées », explique l’assureur.

La blockchain est corrélée au principe d’économie collaborative, puisqu’elle permet de s’identifier simplement, de transférer des devises et de réaliser des transactions entre individus. « Avec la blockchain, nous pourrons nous passer de Airbnb en tant qu’intermédiaire financier », prévoit Hervé Moal. Une start-up surfe déjà sur ce concept : Slock.it. Elle ambitionne d’installer dans le verrou des appartements des smart contracts. Certifiés par la blockchain, ils déclenchent, à l’ouverture d’un appartement, le transfert de fonds de l’utilisateur au propriétaire. De quoi intéresser les foncières qui veulent développer la location de bureaux à l’heure, à destination des salariés, sans faire appel à des services de gardiennage ou d’accueil.

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