Poids des tâches administratives, incidences des déplacements et des amplitudes horaires sur l’équilibre vie professionnelle-vie privée, décalage entre la rémunération et l’implication… Les conducteurs de travaux, qui reconnaissent par ailleurs exercer une activité valorisante et qui leur offre du « challenge », ont une vision contrastée de leur métier.
Pour le Syndicat national des entreprises générales françaises de BTP (EGF), les employeurs ont ainsi tout à gagner à œuvrer en faveur d’une meilleure qualité de vie au travail de ces populations « piliers des chantiers » : améliorer la performance globale de l’entreprise, favoriser l’innovation… Mais aussi renforcer l’attractivité et fidéliser les talents - les conducteurs de travauxreprésentent d'ailleurs 30,5 % de la proportion des démissions en entreprises générales en 2023.
Des efforts à faire sur le salaire
Le guide sur la qualité de vie et les conditions de travail (QVCT) en conduite de travaux récemment publié par l’organisation professionnelle propose ainsi des bonnes pratiques « testées et approuvées ». Une démarche qui repose sur l’analyse des causes de départ de cette population, ainsi que sur des interviews menées en interne auprès de professionnels représentatifs d’une diversité de profils : durée d’expérience, types d’activité de la structure concernée -bâtiment en neuf ou en rénovation, génie civil…-, localisation géographique…
Les pistes d’amélioration ne manquent pas, à commencer par celle du salaire. EGF rappelle ainsi la nécessité de déterminer la rémunération en adéquation avec le niveau d’expertise, mais également le positionnement des filières connexes : bureaux de contrôle et surtout maîtrise d’ouvrage, avec lesquels les conducteurs de travaux pointent un « déphasage au regard des exigences du métier en entreprise générale ». Autre fondamental : « prendre en compte les contraintes, la charge de travail et le niveau de responsabilité ».
Réduire les tâches administratives
Il s’agit aussi de permettre aux conducteurs de travaux de se recentrer sur leur cœur de métier. D’où la nécessité de mieux définir les missions et les responsabilités de chacun, dans un ensemble comprenant également les chefs d’équipe et de chantier. EGF préconise à cet effet de renforcer la formation managériale et la formation aux outils digitaux de ces derniers.
Autre axe : alléger les conducteurs de travaux des tâches administratives à faible valeur ajoutée, afin de leur permettre de se concentrer sur le suivi opérationnel de production. Par exemple, proposer le concours d’un assistant-gestionnaire administratif ou d’un aide-conducteur de travaux chargé du suivi administratif et de la préparation des contrats à certains moments clés, comme le démarrage d’un chantier. Dans le même ordre d’idée, IGF suggère de renforcer l’accompagnement des fonctions support (achats, comptabilité, prévention, RH…) « dans leur rôle de partenaires apporteurs de solutions ».
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Parmi les autres pistes figure le développement des outils digitaux collaboratifs et interconnectés « pour éviter les ressaisies et gagner du temps » : application pour éditer les contrats, outils partagés de suivi et de planification…
Equilibre entre vies privée et professionnelle
Les conducteurs de travaux ont également de fortes attentes en matière d’équilibre entre vie privée et vie professionnelle. Pour y répondre, les employeurs doivent notamment permettre la flexibilité des horaires et de l’amplitude des journées de travail en fonction des différentes phases du chantier, mais aussi encourager le dialogue avec le manager sur la charge de travail en regard des contraintes personnelles. Il est aussi proposé, pour limiter l’amplitude des journées de travail, de permettre la délégation à un organisme dédié de l’ouverture et de la fermeture du chantier.
EGF met enfin l’accent sur l’accompagnement lors de l’embauche, notamment s’agissant des jeunes professionnels (parcours d’intégration, entrée dans le réseau des conducteurs de travaux…).