Porté par le conseil général du Bas-Rhin (67), ce projet expérimental, baptisé Adhora, avait pour objectif la réalisation d’une maison évolutive capable de s’adapter, au fil du temps, à la plupart des handicaps et problèmes liés au vieillissement.
Selon le cahier des charges, elle devait intégrer, dès sa construction, les équipements nécessaires à l’installation ultérieure de dispositifs de compensation pour les personnes handicapées ou vieillissantes. Ainsi semblable en apparence à n’importe quelle maison, elle a été pré-équipée de façon à pouvoir s’adapter rapidement, et sans travaux de grande envergure, à l’évolution de l’état de santé de ses occupants.
Le système électrique a notamment été pensé de manière à mettre en place, le cas échéant, des retours sonores pour les malvoyants ou un système autorisant un arrêt automatique des robinets lors d’un débordement de la baignoire (Alzheimer). Un câblage réseau domotique offre la possibilité de commander la maison à distance ou, pour un tétraplégique, de la piloter à l’aide d’une téléthèse (1). Un système évolutif radio ou infrarouge avec lequel il est possible d’ajouter des options quasiment à volonté, sans avoir à retirer de câbles dans la maison.
Enveloppe monolithique
Mais le constructeur, les Nouvelles Maisons d’Alsace (NMA), a souhaité aller plus loin. Ainsi, lorsqu’il a répondu à l’appel à projets, il a proposé la réalisation d’une maison à énergie positive (Bepos), niveau réglementaire qui sera demandé à partir de 2020.
Finalement retenu, il a proposé un projet simple alliant équipements peu consommateurs recourant systématiquement aux énergies renouvelables – pompe à chaleur eau-eau, VMC double flux, 30 m2 de panneaux solaires photovoltaïques – à une enveloppe performante sans pont thermique et étanche à l’air.
Ici, le promoteur a choisi un système spécifique qui associe murs en béton cellulaire de 30 cm d’épaisseur et système d’isolation thermique par l’extérieur issu des mêmes matières premières utilisées pour la fabrication du béton cellulaire (eau, sable et chaux) de 16 cm d’épaisseur. Il s’agit de fait d’un panneau (2) isolant 100% minéral, exempt de fibres et de COV. Léger tout en restant massif, ledit panneau optimise la performance thermique des murs en béton cellulaire, tout en étant support d’enduit.
Cohérence des matériaux
Pour le constructeur, le procédé a le mérite de la cohérence: « On souhaitait prouver que face à l’ossature bois ou à des systèmes constructifs maçonnés recourant à des produits tels que la laine de verre, le polystyrène, le polyuréthanne, il existe une alternative avec des produits uniquement minéraux qui nous permettent de faire aussi bien ». Pour lui, le procédé permet la réalisation de parois étanches à l’air, sans pont thermique, ouvertes à la diffusion de vapeur d’eau, résistantes aux chocs, avec une cohérence des matériaux utilisés.
La mise en place des blocs de béton cellulaire ne change pas. Elle a été réalisée en maçonnerie à joints minces sur une dalle parfaitement isolée. Mis en œuvre à l’extérieur – montage possible à l’intérieur –, les panneaux isolants ont été collés en direct sur le support béton cellulaire. Ensuite, ils ont été recouverts d’un enduit de finition chaux naturelle en deux passes, en intercalant une trame de fibre de verre. Ainsi l’enveloppe de la maison de 50 cm d’épaisseur est composée d’un ensemble cohérent, comme le souhaitait le constructeur – ensemble qui bénéficie d’un R de 6,94 m2.K/W.
(1) La téléthèse est un moyen technologique permettant à une personne en situation de handicap moteur d'interagir à distance avec son environnement. Le dispositif est constitué d'une interface de commande, d’une unité centrale, d’un système de transmission et d’effecteurs soit les appareils pilotés par la téléthèse.
(2) Multipor de Ytong