« La politique du handicap est plus qu'une politique (...), c'est une ambition pour une société qui se grandit à mesure qu'elle se révèle accueillante, innovante et bienveillante », a souligné le chef de l'Etat en clôturant la 3e édition de la Conférence nationale du handicap à l’Elysée et devant une assistance de partenaires sociaux, de responsables d'associations, d'établissements d'accueil et de services départementaux. Et « cette ambition-là, je veux qu'elle soit portée par la conférence chaque année et pas simplement tous les trois ans ». François Hollande réaffirme donc la mobilisation du gouvernement en promettant désormais un point annuel sur les actions en faveur des personnes handicapées.
Accessibilité : ça chauffe toujours
Sur le gros sujet de crispation qu’est l’accessibilité, quelques mesures ont été annoncées. A l’occasion du projet de loi de finances pour 2016, la liste des aménagements du domicile ouvrant droit à un crédit d’impôt sera mise à jour afin de mieux répondre aux enjeux actuels. Parallèlement, pour une série précise de petits travaux, il sera proposé au législateur de permettre aux locataires du parc privé de bénéficier de la règle « silence vaut accord » en cas de non réponse durable du propriétaire à une demande de travaux. Dans le cadre de la charte qui sera signée avec l’Union sociale pour l’habitat, les modalités de programmation des adaptations de logements et de leur suivi seront précisées. Entre autres progrès, François Hollande a souligné que les villes accueillant les Euro 2015 et 2016 de basket et de football ont « fait en sorte que ces compétitions puissent être totalement accessibles aux personnes en situation de handicap ».
Une goutte d’eau pour nombre d’associations de personnes handicapées. Déjà, un collectif regroupant six associations avait donné le ton, exprimant son mécontentement en saisissant le Conseil d'Etat le 9 décembre. Ce collectif juge "inacceptables" les nouveaux délais (3 à 9 ans de plus) accordés par le gouvernement pour rendre accessibles aux handicapés lieux publics et transports.
L’ANPIHM (Association nationale pour l’intégration des personnes handicapées moteurs), l’un des signataires du recours, dénonce à l’issue de la Conférence : « Si le Chef de l’Etat a eu raison de souligner l’absence de modalités pratiques au plan réglementaire pour mettre en œuvre l’accessibilité du cadre bâti et des transports, il reste qu’il prend une lourde responsabilité devant la nation en promulguant une Ordonnance qui sacrifie l’intérêt de la population en général, et des personnes dites handicapées en particulier, sur l’autel des intérêts des lobbies immobiliers privés ou publics dans la mesure où cette « Ordonnance de la honte » remet en cause les maigres acquis obtenus au cours des dernières décennies en matière d’accessibilité ». Et de rajouter « qu’il y a une contradiction gouvernementale à vouloir adapter la société au vieillissement des personnes et se refuser dans le même temps à abaisser le seuil obligatoire de création d’un ascenseur du 4ème étage au-dessus du rez-de-chaussée, au minimum au 3ème étage au-dessus du rez-de-chaussée ! »
L’association appelle donc les parlementaires à refuser de ratifier en l’état l’Ordonnance qui leur sera bientôt présentée par le gouvernement.