« Les fuites d’eau à 23 h 30 par 0°C, je les ai vécues ». Aussitôt après la projection de « Les promesse », Sophie Rigault, maire Les Républicains de Saint-Michel-sur-Orge (Essonne), a exprimé sa reconnaissance au cinéaste Thomas Kruithof.
Les émotions de la combattante de la cause des mal-logés reflètent les sentiments exprimés par des élus de tous bords, invités le 11 janvier par France Urbaine à l’avant-première, deux semaines avant la sortie en salle du film réalisé avec les soutiens de nombreux acteurs de la politique de la ville : France Urbaine, mais aussi l’association des maires d’Ile-de-France, Villes et banlieues, l’agence nationale pour la rénovation urbaine, l’agence nationale de l’habitat et l’association Bleu Blanc Zèbre.
Grand écart
Le maire écologiste de Grenoble Eric Piolle confie la montée des larmes, à la vision du grand écart entre les communs vétustes et les lambris dorés de Matignon ou de l’Elysée où se joue le sort de la Cité des Bernardins : le côté pile et le côté face de la vie de Clémence et de Yazid, la maire d’une ville de Seine-Saint-Denis et son directeur de cabinet incarnés par Isabelle Huppert et Reda Kateb, qui se partagent les premiers rôles.
« Je me suis revu à mon premier congrès de l’Union sociale de l’habitat à Lyon, où il a fallu négocier des financements entre le homard et le champagne », se souvient Eric Piolle. Quelques séquences de promenade nocturne suffisent à rendre compte de la solitude de l’élu local, confronté par l’exercice de la démocratie représentative à l’obligation d’établir la jonction entre des mondes destinés à ne jamais se rencontrer.
Immersion
L’authenticité du film repose sur l’immersion à laquelle se sont contraints ses créateurs aux côtés de plusieurs élus du grand Paris, à commencer par Olivier Klein : le maire de Clichy et président de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru) a servi de guide à l’équipe. « L’agenda du tournage, qui ne correspond pas au déroulé du film, nous a d’emblée conduits dans la cité du Chêne pointu. La rencontre chaleureuse avec les locataires a ensuite imprégné l’équipe », témoigne Thomas Kruithof.

Le débat riche en émotions a offert à la ministre du Logement l'occasion de promouvoir la politique gouvernementale de soutien à la rénovation des copropriétés dégradées.
Les émotions ne gomment pas l’arrière-fond politique : la ministre du Logement a félicité le cinéaste et le scénariste pour le choix de focaliser l’attention sur les copropriétés dégradées, à l’instar du gouvernement durant le quinquennat d’Emmanuel Macron. Au diapason du film, Emmanuelle Wargon encourage l’engagement et l’obstination des maires : « Jusqu’aux 30 secondes qui précèdent un arbitrage, une fenêtre de tir reste ouverte ».
Reconnaissance
Heureux de son premier aller-retour Paris-Chambéry motivé par une séance de cinéma, Thierry Repentin confirme la justesse des Promesses : « Sans cliché, le film montre les copropriétés dégradées comme les vrais lieux de l’habitat indigne. Le soulagement des familles, quand le journal de 20 h leur apprend l’arbitrage positif en faveur de leur cité, évoque la récompense la plus gratifiante que peut attendre un élu local », réagit le président de l’Agence nationale de l’habitat.
En retardant la sortie en salle jusqu’au moment de la campagne présidentielle, les aléas de calendrier ont finalement conforté le cinéaste qui résume son message : « Dans son essence, la politique vise à l’amélioration de la vie quotidienne des citoyens ».