Les constructeurs de maisons individuelles sont-ils impactés économiquement par la guerre en Ukraine, notamment à cause des hausses de prix des matériaux ?
Nous recevons effectivement des communiqués réguliers de fournisseurs faisant état de hausses de prix violentes, pour certains de l’ordre de 30%, justifiées par les hausses de prix de l’énergie. D’autres arrêtent de prendre de nouvelles commandes, choisissant de se concentrer sur les demandes en cours, parce qu’ils ferment les lignes de production les moins efficientes en matière de consommation énergétique.
En parallèle, les négoces nous ont alertés : nous recevrons des prix révisés tous les 15 jours à présent. Des produits sont en tension, je pense au carrelage, aux tuiles par ailleurs très sollicitées par le marché de la rénovation… D’autres sont annoncés en rupture pour avril. Comme l’acier par exemple. Bien sûr, les constructeurs de maisons individuelles en utilisent moins que dans le logement collectif, mais nous y avons recours pour les fondations, les bétons armés… Résultat, la réalisation des ouvrages commence à se tendre, les délais de chantiers risquent de s’allonger. Car sur un chantier de maison individuelle, les corps d’état se suivent. Si je ne peux pas couvrir la maison, je ne peux pas réaliser les menuiseries, le ravalement, l’intérieur…
Est-il possible de diversifier vos fournisseurs ?
Nous essayons toujours de trouver d’autres fournisseurs. Mais les constructeurs de maisons individuelles ont beaucoup recours aux négoces, qui livrent chantier par chantier. Et qui réalisent déjà ce travail de diversification. Nous y arrivons parfois, mais c’est de la rustine.
Les constructeurs ont vendu près de 140 000 maisons individuelles en secteur diffus en 2021. Une embellie bienvenue après une année 2020 compliquée. Ne risque-t-elle pas de se retourner contre eux, puisqu’ils s’engagent sur un délai et un prix, s’exposant ainsi à des pénalités de retard et des hausses de coûts difficilement maîtrisables, qui réduiraient drastiquement leurs marges ?
Il y aura effectivement un sujet sur la rentabilité des entreprises et leur trésorerie. Des arrêts de chantier creuseraient leur trésorerie, puisque le constructeur paierait ses fournisseurs, sans recevoir le prochain appel de fonds. Impossible pour moi de prévoir des rallongements de délais, puisqu’il y a encore un mois, je n’aurais jamais imaginé des ruptures de stock sur l’acier. Je m’étonne que le gouvernement ne soit pas plus présent pour le BTP, un secteur qui avait pourtant été jugé essentiel lors de la crise sanitaire. Alors bien sûr, nous pouvons avoir recours au chômage partiel. Mais c’est la moindre des choses quand l’activité s’arrête ! Nous commençons à rentrer dans la période de remboursement des prêts garantis par l’Etat (PGE), nous demandons donc à ce que les échéances soient décalées. Enfin, les pénalités liées aux retards d’exécution de chantiers dans les contrats privés doivent être gelés.