Très visitée en période estivale, la commune de Mandailles-Saint-Julien est labellisée Station de pleine nature depuis l'été 2019. Située à l'entrée du massif du Puy Mary, au sein du parc naturel régional des Volcans d'Auvergne, Mandailles voit défiler de nombreux randonneurs et trailers. C'est à ce titre qu'a été lancé un projet mené par l'architecte Simon Teyssou pour la communauté d'agglomération du bassin d'Aurillac (Caba). Il comprend la réhabilitation d'une ancienne école en lieu d'accueil des sportifs locaux et des touristes, la construction d'un bâtiment neuf destiné à abriter des marchés paysans et des événements festifs ou culturels, ainsi que l'aménagement de l'espace public. « Mon agence, l'Atelier du Rouget, est constituée d'une équipe pluridisciplinaire, c'est pourquoi nous aimons particulièrement ces projets qui articulent plusieurs échelles », raconte l'architecte franco-américain Simon Teyssou.

« Travail de couture ». La halle se dresse au bord de la Jordanne, à la place d'un terrain de tennis désaffecté. Plutôt que d'étendre un vaste parking à ses pieds, l'architecte est parvenu à convaincre la maîtrise d'ouvrage de le déporter en amont du village. Cette prochaine étape du chantier nécessite la conception d'une passerelle et d'une signalétique appropriée. « C'est un travail de couture avec la création d'un parcours piéton longeant la rivière qui reliera les différents équipements et de micro-espaces publics : des petites plates-formes, de nouveaux murets en pierre volcanique, à hauteur de banc, comme ceux que nous avons déjà commencé à recréer. »
Pour concevoir la halle, Simon Teyssou se réfère à la typologie de la grange-étable de la vallée : un bâtiment adapté à la pente, disposé à la perpendiculaire du cours d'eau pour s'encastrer dans le sol. Le choix des matériaux raconte le rude climat du Cantal : tout ce qui est soumis aux intempéries est en acier autopatinable, ce qui est protégé est en bois. Réminiscence des murs maçonnés, les pignons épais sont élevés en béton, composé avec des granulats en provenance de carrières locales et teinté dans la masse. A l'intérieur, le dallage quartzé du sol fait référence à la pierre volcanique. « C'est un bâtiment très rustique, on actionne à la main les volets métalliques qui permettent de fermer la halle », reprend-il.

La charpente en pin Douglas de la région est une réinterprétation de la charpente à couples des fermes cantaliennes, sans pannes ni chevrons, comme une coque de bateau inversée. Simon Teyssou a habillé les pentes de la toiture d'acier auto-patinable avec une petite onde, évocation des tôles ondulées rouillées qui ont remplacé le chaume des granges-étables depuis bien longtemps. Mais cette teinte est aussi celle des fougères et des hêtres qui font vibrer tous les coteaux à l'automne. « Ce rapport au paysage ton sur ton me tenait à cœur », précise l'architecte.
Détournement poétique. Dans l'ancienne école, prennent place au rez-de-chaussée l'accueil de la station, une salle de réunion, des blocs sanitaires et des douches pour les sportifs, ainsi que trois logements locatifs à l'étage. A l'arrière, l'agence a conçu le minuscule bâtiment du paddock en aggloméré de ciment peint en noir avec une charpente en fermettes ainsi qu'un toit et des portes en acier Corten. « Dans la vallée, les paysans construisaient des cabanes en bois passées à l'huile de vidange et couvertes de tôles. » Évitant ici aussi tout pastiche, Simon Teyssou détourne avec poésie ces références rurales et modestes.