Connu pour sa production de laitier moulu de haut-fourneau, l’irlandais Ecocem a mis au point une technologie qui réduit fortement la part du clinker dans le ciment, mais aussi celles du laitier et de l’eau. Au final, un produit baptisé ACT, comme une injonction à la décarbonation et qui, selon son concepteur, pourrait réduire les émissions de carbone du secteur jusqu’à 70 %.
Moitié moins d’eau
Le ciment ACT comprend 20 à 30 % de clinker, 10 à 20 % % de laitier, des fillers et une adjuvantation chimique bien spécifique. Les besoins en eau lors de la mise en œuvre, eux, sont réduits de moitié sans affecter la rhéologie du béton. « Notre technologie utilise les mêmes ingrédients qu’un béton classique mais en réduisant leur quantité et en augmentant leur efficacité », assure Conor O'Riain, le directeur général Europe d’Ecocem, sans donner davantage de détails.
Commercialisation sous licence
Utiliser ces mêmes ingrédients permettra de massifier la production car « tous, clinker, laitier et fillers, sont disponibles partout dans le monde », rappelle le dirigeant. Autre avantage : le ciment ACT peut être fabriqué dans les cimenteries existantes sans que celles-ci aient besoin de procéder à des transformations majeures. Ecocem commercialisera sa technologie principalement sous licence pour la déployer le plus rapidement possible.
Partenariats
« Nous cherchons à nouer des partenariats avec de grands acteurs globaux du ciment pour qu’ils mettent en œuvre notre solution dans leurs usines », précise Conor O’Riain. Si elle ne dispose pas d’un outil industriel comparable à celui des grands cimentiers, l’entreprise ne se privera cependant pas de commercialiser sa technologie sous sa propre marque et met actuellement à jour ses unités de production – deux en France, une en Irlande et une aux Pays-Bas – dans cette optique.
Marquage CE
La solution ACT devrait recevoir le marquage CE courant 2023 et l’entreprise a entamé sa démarche de normalisation au niveau européen. Ecocem milite pour une forte accélération du processus et vient de trouver son responsable normalisation Europe en la personne de Christian Clergue, ancien directeur du département innovation, représentation et matériaux d’Eiffage, qui a rejoint le groupe début novembre.
Objectifs « très ambitieux »
Selon ses concepteurs, la technologie ACT est à même d’entrer dans la grande majorité des applications du béton avec une mise en œuvre similaire à celle des produits traditionnels. Des essais industriels ont été réalisés avec des partenaires et Ecocem compte bien déployer sa solution sur un premier chantier « début 2023 », indique Conor O’Riain qui souligne des objectifs « très ambitieux » pour ce nouveau produit mais aussi pour l’entreprise.
Une transition pour Ecocem
« A terme, ACT est destiné à remplacer nos autres produits, estime-t-il. Ecocem entre dans une phase de transition. » D’autant que les équipes innovation sont retournées en laboratoire pour préparer les ACT suivants. Ecocem dispose de son propre site à Champlan (Essonne) où travaillent une trentaine de personnes et mène des travaux de recherche avec l’Insa Toulouse et l’ENS Paris-Saclay. « Le but, c’est bien sûr d’arriver à un ciment net zéro tout en gardant au béton les propriétés qui font de lui le matériau le plus populaire au monde », résume Conor O’Riain.