Fermées depuis 2005, les arènes de Fréjus (Var) ont rouvert début juillet au public avec un concert de Yannick Noah. Cinq autres têtes d’affiche se succéderont tout au long de l’été dans cet amphithéâtre romain qui peut à nouveau accueillir près de 5 000 spectateurs. Une véritable renaissance, au terme d’un chantier de restauration et de confortement de plus de trois ans qui a toutefois déclenché une polémique - pas encore complètement éteinte - avec les défenseurs du patrimoine.
Passés à la loupe de la commission supérieure des Monuments historiques, qui a notamment écarté, en cours de route, un élément du projet (la reconstitution sur trois niveaux de l’entrée principale), ces travaux, tributaires d’autorisations successives, ont duré plus longtemps que prévu (deux ans initialement). En cause : la mise en place, dans le prolongement des structures du monument antique, d’une nouvelle coque en béton lui permettant de retrouver une partie des capacités d’accueil qu’il offrait au début du II siècle (environ 10 000 places). « La dégradation irrémédiable de l’ouvrage par les infiltrations d’eau imposait une enveloppe protectrice reproduisant la cavea. Reconstituer les structures antiques d’origine étant impossible, le parti a été d’utiliser des matériaux contemporains, dans un dialogue entre les deux époques », souligne Francesco Flavigny, architecte en chef des Monuments historiques.
Reconstruction complète de la zone nord
Pour l’entreprise Eiffage Construction Var, chargée du lot principal gros œuvre-VRD-terrassement, l’intervention principale sur ce chantier hors normes consistait à recréer deux volées de gradins sur la totalité de l’enceinte, une démarche assez aisée côté sud - zone la moins dégradée -, beaucoup plus complexe côté nord où l’arène s’adosse aux contreforts rocheux mais sans qu’il subsiste aucun ouvrage. Après des terrassements très précautionneux à la pelle (équipée d’une fraise pour limiter les vibrations), ont été réalisées des coursives, des dalles pour les gradins et une plate-forme de 40 m² (l’ancienne tribune des consuls), ainsi que des loges, locaux techniques et boxes pour les taureaux qui prennent place dans les volumes nouvellement créés. Cette première phase de réhabilitation a également imposé la mise en place, sur 17 murs antiques côté sud, d’une série de 34 tirants de 15 à 23 mètres de long, accompagnés d’injection de coulis de béton pour stabiliser ces murs millénaires. Une intervention qui, à elle seule, aura nécessité trois longs mois.






