C’est une reconversion inédite que le bailleur Néolia va engager, un exemple encore rare en France mais qui pourrait le devenir de moins en moins au fil de la déchristianisation : la transformation d’une église en logements. L’édifice qui était dédié à Sainte-Thérèse à Bethoncourt (Doubs) sera transformé, d’ici à 2021, en un ensemble de dix appartements de deux à quatre pièces. Néolia lancera en février les appels d’offres des travaux dans le but d’engager le chantier au second semestre.
Construite en 1953 lorsque la main-d’œuvre a afflué dans la région industrielle de Montbéliard, l’église Sainte-Thérèse « était de moins en moins utilisée et la mise aux normes d’accessibilité aux personnes à mobilité réduite qui lui était imposée s’avérait très coûteuse », rappelle Cunehit Orman, directeur territorial du développement Nord-Doubs de Néolia. Le diocèse de Belfort-Montbéliard s’est décidé à la vendre et a procédé à sa désacralisation en septembre dernier. Entretemps, Néolia s’était positionné pour l’acquérir. « Nous avons procédé à une étude de faisabilité en 2017 qui démontrait un bon état global de la structure », indique Cunehit Orman. La mairie, associée aux discussions, a également donné son accord de principe. Le compromis signé en juin 2018 avec l’évêché a été suivi de l’obtention du permis à l’été. L’opération se monte, à 1,3 million d’euros HT, coût d’acquisition compris. Elle bénéficie d’un concours du fonds d’innovation Alinov d’Action Logement.
Une dalle pour créer deux niveaux
Conserver son « cachet » au bâtiment en pierre de 650 m2 sans dénaturer son histoire, mais nécessairement s’en affranchir quand même, à présent que les objets et mobiliers religieux en ont été retirés et que les vitraux vont à leur tour être déposés : tel est l’équilibre que Néolia et son architecte, l’agence locale Notarnicola s’efforcent d’atteindre. Pour tirer parti de la hauteur, une dalle intermédiaire sera posée, permettant de constituer deux niveaux. Quatre logements prendront place au rez-de-chaussée et seront prolongés d’une terrasse-jardin, cinq duplex s’installeront à l’étage et un dixième appartement, un T2, sera aménagé dans l’ancienne chapelle. Des ouvertures seront aménagées dans la vaste façade pour les fenêtres et balcons et des garde-corps métalliques seront ajoutés.
L’ESH (entreprise sociale pour l’habitat) exerce dans cette opération son métier historique, au titre du souhait de garder aussi au lieu son « utilité sociale », souligne-t-elle : les logements seront locatifs sociaux, soit sept en PLUS (prêt locatif à usage social) et trois en PLAI (prêt locatif aidé d’intégration). L’ancienne église entrera dans une nouvelle vie « connectée ». La box domestique dont les locataires seront équipés leur permettra de piloter par smartphone ou tablette les volets roulants, l’éclairage, la gestion du chauffage… L’ensemble sera également doté d’une « e-conciergerie », une boîte aux lettres mutualisée du fabricant lorrain Renz, dans laquelle le livreur ou le facteur dépose son colis à l’emplacement réservé à chacun avec le code personnalisé.