La Nouvelle-Aquitaine veut étoffer sa boîte à idées pour contrer la crise du logement

L’Union régionale HLM présentait lundi 15 septembre, à Bordeaux (Gironde), une étude sur la situation du logement social dans la région. Si le constat n’a rien d’enthousiasmant, les pistes avancées par des acteurs publics et privés donnent le sentiment qu’il existe des voies à explorer pour fluidifier l’offre et relancer le parcours résidentiel.

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Table URHLM logement abordable
Acteurs publics et privés étaient réunis le 15 septembre à Bordeaux à l'occasion d'une table ronde sur le logement abordable.

L’étude de l’URHLM (réalisée grâce au croisement des données du système national d’enregistrement, de l’Apifade et d’Imhoweb) révèle que le nombre de demandeurs de logements sociaux a augmenté de 25% en trois ans, passant de 150 000 en 2021 à 184 000 en 2024 pour atteindre 188 000 demandes à mi-2025. Avec, dans le même temps, un recul des attributions : 31 000 en 2021, contre 25 000 en 2024. 28 % sont déjà locataires du parc HLM et parmi les 72% restants, on compte des locataires du parc privé (34%), des gens hébergés chez des proches (21%) ou en structure (8%), des propriétaires occupants (4%) et des sans-abri (2%). Au final, chacun reste où il est – le taux de rotation est passé de 10,4% en 2018 à 7,8% en 2023, dans la région – et ne libère pas la place pour le suivant. « La situation est figée », confirme Jean-Baptiste Desanlis, directeur général délégué de Domofrance qui enregistre une baisse de 20 % de son taux de rotation en trois ans. Le manque de production de logements, en lien avec la hausse des coûts de la construction et l’empilement des contraintes réglementaires, en est la cause. Les élus et acteurs présents à cette soirée ont détaillé les contorsions à opérer pour – quand ils le peuvent - produire : « Nous devons à la fois repartir sur des petits logements [56 % des primo-demandes sont formulées par des personnes seules, NDLR] et en même temps loger des familles [30 % des demandes de mutation sont liées à la recherche d’un logement plus grand, NDLR], il y a une concurrence des priorités », explique le directeur général délégué de Domofrance. Mais face au contexte économique tendu qui ne permettra pas aux bailleurs d’assurer construction et rénovation ; au recul de la production des promoteurs privés et à la difficulté d’accéder à la propriété , l’heure est à la recherche d’alternatives qui débloqueraient la situation. Certaines ont été avancées lundi soir, dans le cadre d’un débat aux allures de brainstorming.

Surélévation, statut du bailleur privé, location mixte…

Ont été réunis autour de la même table des représentants de Procivis, Upfactor et Airbnb pour présenter de nouvelles pistes de réflexion. « Il faut viser la reproductibilité ! », insiste Muriel Boulmier, présidente de l’Union Régionale HLM en Nouvelle-Aquitaine. La coopérative Procivis ouvre le bal avec la présentation d’une solution pour lutter contre les coûts de construction : Ma première maison (Maison d’en France) est un pavillon de 65 m2 à vendue à 85 000-90 000 €, « un moyen d’accompagner le parcours résidentiel de la classe moyenne », précise Philippe Petiot, président de Procivis Nouvelle-Aquitaine. Une maison de 50 m2 « qui échapperait à certaines contraintes de la RE2020 » est également à l’étude. La création d’une foncière de maisons locatives – qui pourront être achetées par les occupants à terme - est aussi en cours.

De son côté, la start-up Upfactor, assistant à maîtrise d’ouvrage pour des projets de surélévation, propose de se libérer du foncier. « 30% des bâtiments de Bordeaux Métropole, principalement chez les bailleurs, sont surélevables ». Et afin de contrecarrer l’argument du stationnement imposé par le PLU, Didier Mignery, son fondateur, avance que « 300 copropriétés de la métropole ont un excédent de places de stationnement. Les surélever pourrait créer 2500 logements et ainsi alléger les charges des autres copropriétaires. » Des travaux qui pourraient être réalisés à l’occasion des rénovations, mais qui restent coûteux.

Dernier acteur prêt à mettre sa pierre à l’édifice – et pas des moindres -, Airbnb était aussi présent. « L’interdiction des meublés touristiques n’est pas la solution, estime Auxence Moulin, responsable des relations publiques et des partenariats pour Airbnb France, ils peuvent même inciter à remettre certains biens sur le marché car le vrai ennemi, c’est la vacance. » Il propose une évolution réglementaire comme la possibilité de louer son logement à des vacanciers l’été sans contraintes, s’il est loué à un étudiant pendant l’année, comme cela est le cas à Nice depuis 2021. « A Marseille, nous réfléchissons à donner la possibilité à un propriétaire qui rénove un bien de le louer comme résidence touristique pendant quelques années pour rentabiliser les travaux, avant de le remettre sur le marché du logement classique. »

Si ces pistes illustrent l’envie d’avancer, elles révèlent aussi l’absence d’une stratégie de logement au niveau national, comme le dénonce Marie Récalde, députée socialiste de la Gironde, également présente lundi soir. « Le logement devrait être déclaré grande cause nationale, il faut du financement », estime-t-elle.

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