D'ici la fin février, la rivière Savasse sur sa traversée de Romans-sur-Isère (Drôme) aura retrouvé l'air libre. « Ce projet s'est construit au fil de l'eau », rappelle Etienne-Paul Petit, adjoint à la maire chargé de la transition écologique. Canalisée dans une galerie souterraine à la fin du XIXe siècle, elle a été couverte dans les années 1960 au profit de la circulation et du stationnement automobile. Les premières dégradations se sont fait jour dès 2012. Cinq ans plus tard, une fissure a été décelée place de la Presle, au droit de l'ancien parking. « En faisant des investigations, nous avons découvert que les armatures métalliques de la galerie étaient à nue », raconte Lionel Messas, chef de projet découverte de la Savasse à la Ville.
Concomitamment, l'équipe municipale, conduite par Marie-Hélène Thoraval (LR) élue en 2014, se questionnait sur la suppression de ce parking pour apaiser et verdir les alentours. « C'est un quartier qui fait le lien entre les faubourgs et le centre-ville historique de Romans-sur-Isère qui était très vivant du temps des tanneurs », rappelle Etienne-Paul Petit. Les études d'avant-projet démarrées en 2018 ont permis d'affiner ce projet. « Nous avons réalisé des diagnostics géotechniques et archéologiques pour voir s'il était techniquement et financièrement possible de découvrir la rivière et de la renaturer en étant si proche des maisons dont certaines datent du Moyen Age », explique Lionel Messas. Après deux ans d'études, la décision est prise de transformer ce quartier.
Deux ans de concertation. Validé en 2020, l'avant-projet a laissé place à deux années de concertation avec les riverains, sous la houlette de l'agence Contrechamp, et de demandes d'autorisation préfectorale au titre de la loi sur l'eau et de la dérogation aux interdictions relatives aux espèces protégées, en raison de la présence d'une colonie de chauves-souris dans la galerie. « Il a fallu expliquer, rassurer les habitants ayant connu une rivière insalubre qui débordait lors de crues », indique le chargé de projet.
Le projet a été conçu en maîtrise d'œuvre par le groupement composé de l'agence d'architecture Seura (mandataire) accompagnée de l'Atelier LD, des bureaux d'études Ciméo (génie civil), Biotech (renaturation de la rivière) et Hydrétudes (hydraulique). « La Ville a passé un accord-cadre à bons de commande pour la maîtrise d'œuvre, ce qui nous a fait gagner du temps », précise Lionel Messas. Les travaux, démarrés en octobre 2022, ont été conduits en lots séparés.
Pour reprendre les fondations du pont, l'eau de la rivière a été détournée.
Préalablement à la démolition de la galerie bétonnée, il a fallu détourner l'eau de la rivière pendant un an et demi avant de pouvoir reprendre les fondations d'un pont « au sec ». « Les contraintes de circulation n'ont pas permis de réaliser un canal de dérivation. Nous avons dû pomper et faire passer l'eau dans des canalisations au-dessus de la route », explique le chef de projet.
300 pieux. Devenu structurant, le couvercle de galerie ne pouvait être démoli sans préalablement stabiliser la route et le quai via la construction d'une paroi en pieux sécants. Six mois de foration ont été nécessaires pour planter 300 pieux à 15 m de profondeur et ainsi conforter l'ensemble. Après le retrait du sarcophage en béton de la galerie, les travaux de terrassement ont été réalisés et le pont routier reconstruit. « Une fois l'ensemble des travaux de génie civil achevés, nous nous sommes occupés de la rivière en recalibrant sa pente, en supprimant des seuils et en la renaturant pour favoriser la biodiversité », ajoute Lionel Messas. Quelque 1 000 plants de saules, d'aulnes et de plantes aquatiques apporteront l'ombre nécessaire à son rafraîchissement et ralentiront les vitesses de crues.
Le projet, dont le coût total s'élève à 13 M€ TTC, a bénéficié de 7,5 M€ d'aides de l'agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse, du département, de la région, de l'Etat, de l'Union européenne et du mécénat.
Une renaturation tous azimuts
Partie intégrante du projet urbain Gar'Is qui va de la gare à l'Isère, l'opération « Vallée de la Savasse » inclut également l'aménagement du parc Saint-Romain (Seura et Atelier LD), livré en 2023.
Deux autres projets contribuent à renaturer Romans-sur-Isère. Le long de l'Isère, le chemin des Bœufs a ainsi été aménagé en promenade arborée de 1,6 km. Et dans le centre-ville, l'ancienne place d'armes Jean Jaurès achèvera sa transformation à l'été 2025. Hier dévolue à du stationnement, elle laissera place à 2,6 ha d'espaces publics végétalisés, entièrement dédiés aux modes doux. Avec 350 arbres, 4 500 arbustes et 16 000 vivaces et grainées plantés, ce sont 9 500 m² d'espaces verts de pleine terre qui auront été créés.