Selon la recette de la société Ledex, les photons s’assaisonnent à l’huile. En juillet prochain, cette petite entreprise de Chambly (Oise) ajoutera à son catalogue l’E40 LedLiquidLedex (E40 LLL), une lampe composée de diodes électroluminescentes (LED) baignant dans de l’huile. Destinée à l’éclairage public, elle affichera une durée de vie et une diffusion de la lumière bien supérieures aux modèles traditionnels.
De prime abord, l’E40 LLL ressemble à une ampoule classique. Elle peut du reste s’insérer dans la majorité des lampadaires existants. Toutefois, sous le verre, les modules LED trempent dans un liquide de synthèse. Le fluide recouvre ainsi de manière homogène la totalité des sources de lumière. Chaque flux lumineux qui entrera à son contact se trouvera dévié et élargi. L’huile assure donc le rôle d’un diffuseur optique intégré à la lampe, et non au luminaire. Une E40 LLL d’une puissance de 143 W atteint ainsi une intensité d’éclairage équivalent à une ampoule à vapeur de sodium de 250 W.
« Les technologies européennes destinées à la concentration de la lumière reposent sur des dispositifs optiques. Nous sommes les seuls à posséder un brevet portant sur un système liquide », souligne Jean-Claude Barré, le directeur général de la marque LedLiquidLedex. « Ce procédé présente d’autres avantages : l’huile refroidit les LED et limite leur oxydation. La durée de vie de notre équipement s’en trouve augmentée », ajoute-t-il.
Outre ces atouts techniques, Ledex propose une batterie d’options afin de s’adapter aux besoins des collectivités. Grâce à un partenariat avec l’entreprise Horizon Télécom, l’E40 LLL dispose d’une interface de contrôle radio. Combinée à un variateur d’intensité lumineuse, elle multiplie les économies d’énergie. « En comparaison d’une lampe à incandescence, notre ampoule sans aucune option divise par 1,92 la consommation électrique d’un point lumineux, pour une qualité d’éclairage égale. Avec un pilotage par ordinateur et des variations d’intensité, la consommation peut même être divisée par 3,5 », note Jean-Claude Barré.
Ce mode de supervision requiert toutefois l’installation de passerelles de transmission radio. « Nous avons conçu une offre clé en main pour les municipalités. Elle inclut 150 ampoules standard et 150 ampoules communicantes avec les infrastructures de communication. Cet investissement est amorti en six ans. La communauté dispose ensuite d’un réseau et peut continuer à s’équiper », explique le directeur général, avant de s’enthousiasmer sur la vidéo-surveillance.
En effet, la lampe est en mesure d’embarquer une caméra. Le transfert des images nécessite alors une connexion WiFi. De nombreux capteurs, notamment de température et d’hygrométrie, peuvent également se combiner à l’E40 LLL. Il revient ensuite à l’utilisateur d’imaginer différentes interactions entre les données générées et ses points lumineux.
Une croissance rapide
L’année 2014 a marqué un commencement de reconnaissance pour cette technologie. Elle s’est hissée en final du concours Énergie intelligente 2014 EDF-BPI, et a décroché le prix l’innovation au Salon des maires. « Nous avions prévu de fabriquer 20 000 ampoules en 2015. Au vu de la demande en France et à l’étranger, l’objectif est passé à 200 000 ampoules. Cette aventure a débuté avec deux personnes : Franck Mirabelli, l’inventeur, et moi-même. Nous sommes aujourd’hui 100 à travailler autour de ce produit, et nous anticipons la création de 1 000 à 2 000 emplois dans deux ans », indique Jean-Claude Barré.
Ledex a choisi de maintenir sa production en France. L’usine d’Horizon Télécom, à Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire), a accueilli la première chaîne de montage en octobre dernier. Deux autres devraient suivre. Chez Matra Electronique, à Compiègne (Oise), le lancement est prévu pour septembre 2015. Thomson Broadcast, à Saumur (Maine-et-Loire), inaugurera la sienne en 2016.
