Fin 2022, Ecocem annonçait le lancement de sa nouvelle gamme de ciment bas carbone ACT. Un ciment hydraulique au taux de carbone réduit de près de 70% par rapport à un CEM II et comprenant 20 à 30 % de clinker, 10 à 20 % de laitier, des fillers et une adjuvantation chimique spécifique.
Un peu plus d'un an plus tard, ACT a obtenu une Evaluation Technique Européenne (ETE). « C’est la première obtenue par la "famille de technologies" que forme ACT », explique Christian Clergue, ancien responsable du département innovation, représentation et matériaux d’Eiffage Génie Civil qui a rejoint Ecocem en novembre 2022 pour prendre en charge la normalisation et le transfert d’innovation. « Cette famille va évoluer, s’adapter en fonction des pays et des régions, en fonction des ressources locales (pouzzolanes par exemple) qu’on va introduire dans nos ciments. Il faut que notre produit se démarque massivement. Il pourra donc y avoir de nouvelles ETE qui seront déposées. »
Documents d'évaluation
Cette démarche est une obligation : basée sur un document d'évaluation européenne (EAD - European Assessment Document) qui décrit les paramètres du produit (ses caractéristiques mais aussi sa composition et son mode de production), l'ETE doit pouvoir justifier de toutes les modifications apportées. Or, « aujourd’hui nous voulons pouvoir introduire un ensemble de matériaux différents dans le produit final. Matériaux qui varient selon les pays et les disponibilités locales, de manière à rendre massifiable le développement de notre technologie », précise Christian Clergue. Qui poursuit : « Certes l’ETE n’est pas une norme, mais tous les critères de performance ont été validés par un organisme externe – l’EOTA (European Organisation for Technical Assesment) au niveau de l’Europe. La validation par ce laboratoire accrédite que la production est conforme au niveau de chaque site de production. Le fait que l’ETE soit obtenue et la future publication de l’EAD au Journal Officiel de l’Union européenne permettra automatiquement l’obtention du marquage CE d’ACT», assure-t-il.
Reconnaissance
Ce processus pourrait prendre jusqu'à un an. « Mais pour nous, ce qui est important, avec l’obtention de l’ETE,c’est de montrer que nous avons obtenu de la part de l’Europe la reconnaissance que notre produit est innovant et offre une robustesse et une qualité conforme à son utilisation dans la construction. C’est aussi une reconnaissance technique puisque lors du processus d’obtention de l’EAD et de l’ETE, les laboratoires certificateurs Européens (validés par l’EOTA) sont consultés pour validation des éléments transmis. Des discussions peuvent avoir lieu, des commentaires apportés pour modifier ou fournir des compléments. Il y a donc déjà un regard européen de grands acteurs techniques qui ont donné leur aval sur le produit. C’était crucial pour Ecocem d’avoir cette première passe car cela donne déjà un fond très important pour notre communication et pour la suite du développement d’ACT », souligne Christian Clergue.
La suite ce sera la phase d’accréditation du produit dans laquelle s'est engagée Ecocem, pour une utilisation sur le marché et l'assurabilité des ouvrages utilisant ACT.
Des partenariats ont été noués pour la distribution et pour l'utilisation d'ACT notamment avec Cemex France ou Point.P. « Nous avons également signé des NDA (non disclosure agreements, ndlr) avec différents grands acteurs de la construction. Et l’idée est maintenant de faire des démonstrateurs », poursuit Christian Clergue.
La dernière étape pour Ecocem, sera le développement international de son offre. « Il y a un travail sur le licensing pour offrir la technologie ACT qui a deux avantages : elle nécessite très peu d’investissements par rapport aux outils industriels cimentiers existants aujourd’hui, et elle est très facilement utilisable et exploitable », assure Christian Clergue. « Nous voulons massifier le déploiement d’ACT partout sur la planète ».