Ville nouvelle située en périphérie de Pampelune (200 000 habitants), Sarriguren est un ensemble de bâtiments contemporains répartis sur 150 hectares. Conformément aux pratiques urbaines qui prévalent en Espagne, le quartier se caractérise par une certaine densité du bâti (33 logements à l’hectare) avec des immeubles collectifs (de R 2 à R 5). Il laisse cependant une large place aux espaces verts (42 hectares) et compte un réseau de pistes cyclables et de voies piétonnes le reliant à la capitale de la Navarre.
Un quartier de 5 500 logements
Avec ce projet, né en 1998, de construire environ 5 500 logements, le gouvernement de la Navarre a voulu lancer une opération exemplaire et permettre aux jeunes ménages d’accéder à la propriété dans un contexte d’explosion du coût du foncier.
Pour assurer la maîtrise foncière des terrains, la région autonome du nord-ouest de l’Espagne a créé la société d’économie mixte, Nasursa, qui en tant qu’assistant à maîtrise d’ouvrage, a lancé en décembre 1998 un concours d’urbanisme. Le principe de l’écoquartier, conçu par l’architecte madrilène Alfonso Vegara et sa fondation Metropoli, a été approuvé en 2001.
Le programme a été découpé en deux phases, en 2002 et 2005. Chaque opération a donné lieu à un appel à projets auquel ont répondu une trentaine de promoteurs privés. En tout, une centaine d’architectes ont travaillé sur Sarriguren.
« Cela demeure un des rares exemples de démarche aboutie en termes de développement durable dans cette région de l’Espagne. La Catalogne a en effet pris de l’avance. Il s’inscrit aussi dans une démarche globale. Depuis dix ans, le gouvernement de la Navarre promeut les énergies renouvelables avec une forte incitation à l’implantation d’éoliennes. Ensuite, au niveau national, de nouvelles normes imposent entre 30 % et 70 % d’énergie solaire pour la production d’eau chaude », explique Gloria Ariztegui, architecte et membre de la Conférence permanente d’architectes d’Aquitaine, d’Euskadi et de Navarre.
De larges trottoirs et des patios
Surprenant pour le regard français avec son architecture internationale qui ne rappelle pas l’identité des constructions traditionnelles de la Navarre, Sarriguren respecte pour autant le mode de vie des Espagnols, qui aiment aller dans la rue. Ainsi, les larges trottoirs et les patios sont propices à la promenade. Il respecte aussi un certain nombre des critères propres à un écoquartier. On les trouve dans la double orientation des immeubles (sud et ouest), dans l’importance accordée à l’isolation (30 % supérieures aux normes espagnoles), dans les couleurs claires des façades pour réfléchir la lumière, dans le choix de l’énergie solaire pour fournir l’électricité et l’eau chaude. Le traitement de l’eau récupérée via des noues et dans le lac aménagé est une autre de ses caractéristiques.
Sarriguren répond aussi au principe de mixité en comprenant 98 % de logements sociaux, en grande majorité en accession à la propriété. Le gouvernement de la Navarre n’a pas voulu en faire une banlieue-dortoir. Aujourd’hui réalisée à 90 %, la cité compte un parc technologique et des immeubles équipés au rez-de-chaussée de cellules réservées aux commerces. Enfin, elle est dotée d’équipements publics : mairie, piscines, trois groupes scolaires, crèche…
Ces efforts ont été reconnus. Le 23 octobre, le gouvernement de la Navarre et l’urbaniste Alfonso Vegara ont reçu à Dublin le prix européen de l’urbanisme dans la catégorie environnement/développement durable.
