Moins de deux ans après son RES (1), le groupe Spie a décidé de racheter les parts que son ancien actionnaire Schneider détenait dans la Financière Spie Trindel, à savoir 27,8 % du capital, soit un investissement de 275 millions de francs. Créé l'an dernier, ce holding propriétaire à 100 % de l'entreprise Spie Trindel réintègre donc Spie SA, avec un endettement de 280 millions de francs au 31 décembre 1998. Le président Jean Monville confirme à cette occasion l'orientation définitive prise par son groupe, à savoir les métiers liés à l'électricité de proximité. Spie Trindel représentera en 1998 environ 45 % du chiffre d'affaires de Spie, et 48 % des commandes. Elle devrait dégager un bénéfice net de 112 millions de francs.
« Pour financer cette stratégie, des banques nous ont suggéré de lever des capitaux sur le marché obligataire », explique Olivier Dubois, directeur financier de Spie. « Nous avons signé le 10 décembre un contrat pour l'émission d'un emprunt obligataire de 80 millions d'euros (environ 525 millions de francs), coté aux Bourses de Paris et de Luxembourg. Parallèlement, nous avons souhaité être notés, car le groupe a vécu une histoire mouvementée depuis 1991, et avait besoin d'une appréciation objective de sa solidité et de ses perspectives. »
Une première en France, dans le secteur de la construction : Spie a ainsi fait l'objet d'une notation par la société Standard and Poor's. Le groupe a obtenu BBB-, ce qui signifie que l'investissement dans ses activités est jugé peu risqué (2). Une note « de référence à long terme, avec perspective stable », assortie d'une autre note, BBB- là aussi, pour l'émission obligataire.
Des activités à faibles besoins capitalistiques
La direction de Spie souhaite donc tirer les bénéfices de sa moindre exposition aux risques des métiers classiques du BTP et de l'industrie, cultivant de fait sa différence par rapport aux autres majors français. « Nous n'avons pas de gros besoins d'investissement en biens d'équipements, et nous privilégions maintenant la location, parce que les faibles taux d'intérêts s'y prêtent, et parce que nous utilisons de cette façon en permanence du matériel neuf, en pratiquant la vente à terme sur nos gros chantiers », indique Jean Monville, qui souligne l'effet stabilisant des métiers de l'ingénierie et de la maintenance vers lesquels Spie se développe actuellement : « Et contrairement aux concessions, ces métiers ne consomment pas de capitaux lourds. »
Par ailleurs, la dimension européenne de l'emprunt vise à accroître la notoriété du groupe en Europe. Une notoriété qui sera toutefois liée au respect des engagements souscrits à cette occasion par Spie, comme la réalisation de plus de 500 millions de francs de bénéfices jusqu'en 2004 (date du remboursement in fine de l'emprunt), et le maintien du résultat d'exploitation avant amortissements au-delà du tiers de l'endettement financier.
(1) La reprise de l'entreprise par les salariés a eu lieu à la fin février 1997. (2) BBB- correspond au premier niveau de notation pour des émetteurs dits non spéculatifs.
PHOTO : Olivier Dubois, directeur financier de Spie : « Le groupe est aujourd'hui beaucoup moins exposé aux risques des métiers d'entrepreneur du BTP. »