De l’étiquette G à A : c’est le grand bond en avant qu’a réalisé une maison individuelle à Sentheim (Haut-Rhin) à l’occasion de sa rénovation énergétique bouclée en fin d’année dernière.
La performance n’émane pas d’un grand groupe, mais d’une modeste TPE locale : Air Energie, spécialiste reconnue de l’étanchéité et de l’enveloppe du bâtiment. Dans ses deux facettes d’assistant à maître d’ouvrage (par la société Air Energie Développement) et d’entreprise de travaux de quatre permanents, elle a conçu et piloté l’opération, modèle de rénovation globale.
Avec ses autres artisans et PME partenaires(1), le chantier n’a manqué aucun des points qui faisaient de l’habitation des années 1970 une passoire thermique.
Il a cumulé isolation de la toiture par l’extérieur avec 40 cm de ouate de cellulose de résistance thermique R de 9,5 m2.K/W), isolation en sous-face du plancher bas par du coton recyclé (R de 5,1), isolation des murs par l’extérieur (ouate de cellulose et fibre de bois), remplacement des fenêtres par du triple vitrage performant (Uw de 0,67 W/m2.K), et ventilation VMC double flux.
Le fort accent sur l’isolation résulte de l’audit énergétique qui l’avait identifiée comme le très dominant point de déperdition thermique, dans des proportions jusqu’à 48 % au niveau des murs. Un chauffe-eau thermodynamique également installé récupère en outre les calories d’apport extérieur pour préchauffer l’eau chaude sanitaire.
Ainsi, la maison des années 1970 qui engloutissait plus de 450 kWh par mètre carré et par an, selon son audit énergétique préalable, a ramené sa consommation d’énergie primaire à 17 kWh/m2/an, au niveau passif neuf. « Grâce à la coordination entre les corps d’état, les travaux se sont concentrés sur deux mois et demi l’automne dernier, pendant lesquels les propriétaires ont pu rester chez eux », souligne Dominique Rudler, le dirigeant d’Air Energie, installée dans la commune voisine de Guewenheim.
Adieu, en outre, le fioul, la demeure se chauffe désormais au bois et devrait se contenter de brûler une bûche par jour dans ce secteur de climat continental.
Les performances atteintes permettent aussi à l’opération d’atteindre le niveau du label suisse Minergie dans sa version P la plus relevée, ce qui constituerait une première en Union européenne pour une habitation individuelle selon ses acteurs. « Minergie-P a ajouté notamment des exigences en terme de travail sur l’enveloppe et de contrôle », signale Dominique Rudler.

Sa rénovation s’est déroulée en deux mois et demi sans perturber outre mesure son occupation pendant les travaux. © Air Energie
Un tiers d’aides dont 30 000 euros de CEE
Les travaux ont évidemment représenté un certain budget, dans des proportions toutefois mesurées et à l’impact réduit par les concours financiers : 120 000 euros, soit 600 euros par mètre carré. Il a cumulé un tiers d’aides : MaPrimeRénov’ pour 9 000 euros (dont 2 000 euros de bonus « sortie de passoire » et BBC) et surtout 30 000 euros de certificats d’économie d’énergie (CEE) qui ont été mis en œuvre par la société pour les économies d’énergie Hellio, dans le cadre du récent dispositif Coup de pouce Rénovation performante.
« Ce chantier démontre parfaitement l’efficacité de la rénovation globale. En outre, la performance cumulée des matériaux et l’optimisation de leur utilisation aboutissent à ce niveau d’économies d’énergie de plus de 90 % qui explique le montant significatif des CEE, en proportion du budget total », souligne Christophe Casta, chef de projet chez Hellio pour la rénovation globale en résidentiel. La performance excède ainsi largement le seuil plancher de 35 % d’économies sur le chauffage, l’eau chaude et le refroidissement qui est requis pour le déclenchement du Coup de pouce.
Le reste à charge de 80 000 euros demeure bien compatible avec les revenus du foyer de Sentheim, de l’ordre de 50 000 euros annuels. Le temps de retour sur investissement est mesuré à 13 ans et l’économie de dépenses énergétiques à 4 530 euros par an. « Cette rénovation a coûté trois fois moins cher que le neuf pour une performance au moins égale », insiste Dominique Rudler.
Déployer l’approche globale
L’exemple vient accréditer le discours de cet artisan, situé avec quelques confrères et quelques bureaux d’études à l’avant-garde dans l’Est sur la priorité à accorder à l’enveloppe, à une étanchéité « respirante » du bâtiment, au rafraîchissement adiabatique et à la qualité de l’air, en somme à sa démarche d’approche globale devant déterminer ensuite le choix des matériaux, biosourcés de préférence, et des énergies, renouvelables. « La moyenne de 600 euros par mètre carré et un temps de retour sur investissement inférieur à 18 ans se retrouvent sur les différents chantiers que nous avons menés depuis dix ans », ajoute le dirigeant.
Air Energie n’a pas vocation à se déployer en direct partout en France, mais elle compte diffuser son approche, par la constitution d’un réseau de licenciés.
(1) Atherm (ventilation double-flux et chauffe-eau), Mura (menuiseries), Isonergy (crépi), GF Bâtiment (couverture-zinguerie)