« Nous sommes une entreprise discrète. » Arnaud Tirmarche, directeur général de Spie France, ne le cache pas : le groupe Spie, avec ses 8,1 Mds € de chiffre d'affaires, ses 48 000 collaborateurs et ses camionnettes visibles dans toutes les grandes villes de France et d’Europe, ne fait pas partie de ses acteurs du bâtiment qui ont pignon sur rue. Et la confusion avec Spie batignolles, entreprise de la construction francilienne dont Spie a été séparé en 2002, persiste encore aujourd’hui et affecte l’image de marque du groupe.
Réorganisé pour mieux adresser ses marchés
Rien de mieux donc que l’organisation d’une visite de presse au siège du groupe, à Cergy (95), pour rappeler aux journalistes que Spie France, c’est 3,1 Mds € de CA et 19 000 collaborateurs.
D’ailleurs, cette nouvelle organisation, appelée One Spie, est relativement récente : « En 2018, nous avons créé la société Spie France, afin de centraliser nos savoir-faire en six branches », explique le directeur général. Et il tient à préciser : « Cela ne veut pas dire que nous avons une organisation centralisée ! Nous avons 400 sites en France, mais à présent nous avons la capacité d’offrir une offre complète sur tout le territoire. »
Traduction : alors que Spie pouvait avoir dans certaines régions des faiblesses sur certains métiers, l’entreprise affirme avoir la capacité de proposer les services de ses filiales sur l’ensemble de l’Hexagone. « Ca va aussi dans le sens du marché : nos clients ont des demandes de plus en plus complexes et globales, ce qui nécessite d’assembler et coordonner plusieurs briques métiers, explique Arnaud Tirmarche. Avec nos filiales, nous pouvons nous positionner indifféremment sur la conception, la réalisation, l’exploitation et la maintenance. »
Le groupe Spie s’est réorganisé en 2018 en six filiales spécialisées
- Spie facilities : maintenance technique des bâtiments et gestion des énergies. 2800 collaborateurs pour 65 implantations.
- Spie citynetwork : réseaux d’énergie, réseaux numérique, transport et mobilité. 4200 collaborateurs pour 160 implantations.
- Spie building solutions : gestion et installation des lots techniques des bâtiments tertiaires. 3100 collaborateurs pour 90 implantations.
- Spie industrie : gestion énergétique, numérique et électrification des outils de production des industriels. 3400 pour 100 implantations.
- Spie nucléaire : conception, réalisation sur sites nucléaire en exploitation, maintenance et démantèlement des installations. 1800 collaborateurs pour 45 implantations.
- Spie ICS : services numériques : infrastructures, Cloud, Smart data et cybersécurité. 3200 collaborateurs pour 60 implantations.
De la maintenance à la performance énergétique
C’est sur cette vision globale du projet que la stratégie de Spie France repose. Et le directeur général n’y voit que des avantages : « En restant sur toute la durée de vie d’un projet, notamment grâce à la maintenance, on comprend mieux les besoins de nos clients, ainsi que les enjeux auxquels ils font face. De plus, cela nous permet de proposer nos offres, notamment pour adapter les équipements. »
Une adaptation qui va dans le sens de la performance énergétique des bâtiments, et Spie France a d’ailleurs développé ce segment grâce à son expertise dans le domaine de la maintenance technique affirme le directeur général : « Sur cette base, nous avons pu développer tous les savoir-faire dans la gestion énergétique des bâtiments. Ainsi, nous essayons de transformer nos contrats de maintenance en contrats de performance énergétique. »
Une stratégie de croissance qui opère
L’entreprise a aussi une stratégie de croissance externe, « soit pour renforcer notre ancrage territorialement, soit pour ajouter des briques métiers, comme la communication unifiée ou le développement des EnR », précise Arnaud Tirmarche.
Ainsi, Spie a racheté AVM Up, opérateur de télécom, éditeur de services clouds et solutions de communications unifiées as a service (UCAAS) cet été, ainsi que Réseaux environnement en Normandie le 29 septembre, entreprise spécialisée dans les réseaux d’énergie et de chaleur.
De fait, cette stratégie semble porter ses fruits au vu de la croissance de Spie France : +8,9 % au S1 2023 par rapport au S1 2022 en production, +10,4 % d’Ebitda. En 2022 par rapport à 2021, l’augmentation de la production était de 9,6 %, 14,1 % pour l’Ebitda.
Pour accompagner sa croissance, Spie France a de fortes ambitions de recrutements. En septembre 2023, elle avait recruté 2600 salariés, dont 550 alternants, sur les 3700 visés. En 2024, elle compte embaucher 3400 collaborateurs dont 600 alternants.
Spie France face à la baisse du neuf
« Nous nous désengageons du neuf tertiaire depuis 2018. On sent déjà un frein dans le secteur, mais nous ne pensons pas que cela va nous impacter. Nous avons en effet des relais de croissance dans des typologies de bâtiment porteurs : l’industrie, mais aussi les salles blanches et les data center. Nous sentons une prise de conscience concernant l’importance de la souveraineté de la donnée. »
Quelques diversifications
Spie France peut aussi compter sur de nombreux leviers de croissance en plein développement. Il est possible de citer l’offre FM360, qui consiste à monitorer en temps réel les équipements techniques d’un bâtiment. Un moyen de dépanner plus rapidement le client en cas de panne, mais aussi d’adapter les interventions de maintenance en fonction de l’utilisation d’une machine.
Spie France se positionne aussi sur les super chargeurs, et compte à son actif, via l’entreprise E-Vadea, 15 stations. « Maintenant que les aires d’autoroutes sont presque toutes équipées, nous cherchons à équiper les aires de repos et les routes départementales, commente Arnaud Tirmarche. Nous travaillons en ce sens sur des offres plus petites adaptées aux zones rurales. »
