La crise de la construction influence plus que jamais le placement des jeunes ingénieurs diplômés. L'enquête de placement 1997 des ingénieurs ETP de l'Ecole spéciale des travaux publics, du bâtiment et de l'industrie (ESTP), effectuée sur les trois dernières promotions de jeunes ingénieurs (1), le montre.
Cet établissement reste l'une des principales écoles du secteur, formant environ 400 ingénieurs par an dans quatre disciplines : travaux-publics, bâtiment, mécanique et électricité, géomètre. Pourtant, les embauches dans le BTP déclinent au profit de l'industrie.
Loin d'être illogique, cette tendance reflète les difficultés conjoncturelles du secteur économique. Ainsi, 65 % des actifs des trois dernières promotions travaillent dans le BTP contre 74 % lors de la précédente enquête. Cette tendance de fond se confirme par l'analyse des trois dernières promotions séparées : si 67 % des actifs de la promotion 1994 travaillent dans le BTP, ils ne sont plus que 64 % pour la promotion 1995 et 61 % pour la promotion 1996. Parallèlement, à l'heure où les majors du BTP connaissent des plans sociaux, les petites et moyennes entreprises se font plus accueillantes.
En moyenne, 47 % des actifs des trois dernières promotions ont été embauchés par des sociétés comptant moins de 500 salariés. Cette moyenne atteint même le taux de 54 % des ingénieurs les plus récemment promus.
Moins de contrats à durée indéterminée
Globalement, et très logiquement aussi, les conditions de l'emploi des jeunes diplômés de l'ESTP ne s'améliore pas. Le salaire moyen reste pratiquement stable (170 000 francs par an), et la durée de la recherche courte (85 % des ingénieurs ont trouvé un emploi en moins de quatre mois). Ce sont deux points positifs. En revanche, les contrats à durée indéterminée sont de moins en moins nombreux (77 % en moyenne sur trois promotions, contre 80 % lors de l'enquête 1996, et seulement 53 % pour la promotion 1996 !) Les entreprises hésitent à s'engager d'emblée. Conséquence : les emplois sont moins stables, puisque 17 % de ceux qui travaillent en sont à leur deuxième ou troisième emploi contre 11 % dans l'enquête précédente. Dans ce contexte, le contingent d'ingénieurs fraîchement diplômés à poursuivre les études vers la technique, la gestion, le management ou l'économie est plus important. Et une part croissante et majoritaire d'entre eux établit un lien direct entre la situation économique du BTP et leur choix. Pour certains, il s'agit de valoriser le temps « perdu » pendant une recherche d'emploi en attendant de trouver, pour d'autres, d'acquérir une double compétence afin d'augmenter leurs chances...
(1) Taux de réponse de 70 % sur un total de 1 300 personnes interrogées.
GRAPHIQUE : LES INGENIEURS PREFERENT POURSUIVRE LEURS ETUDES
Le taux de jeunes ingénieurs toujours en recherche d'emploi reste sensiblement équivalent à celui de l'enquête précédente, mais la promotion 1995 connaît plus de difficultés.