Terrasser des terres, les charger dans un camion et les livrer à un site de déchets inertes ou une carrière nécessite en moyenne cinq interactions. En effet, remplir, annoter et compléter le bordereau de suivi de déchets (BSD) obligent tour à tour pelleur, manœuvre, chef de chantier et chauffeur à se saisir du document. Un geste banal qui devient problématique alors que la pandémie de Covid-19 est toujours active en France.
Afin de faciliter la reprise des chantiers de terrassement en sécurité, la société Hesus, spécialiste de la gestion des déblais vient d’adapter en urgence une solution qui n’appartenait jusque-là qu’à Bouygues Travaux Publics.
Baptisée Ubysol, la solution repose sur l'utilisation d'un capteur fixé sur la benne. Il contient les données relatives à la nature des terres, leur provenance, leur destination, leur quantité, etc.
Lisible à distance grâce à la technologie NFC [celle de la lecture sans contact des cartes de crédit, NDLR], le capteur transmet ainsi les opérations sans échange physique entre les personnes. Les données circulent ainsi via un Smartphone ou une tablette, grâce au réseau dédié aux objets connectés, Lora.
Tout le savoir-faire d’Hesus a ici consisté à modifier la plateforme cloud où sont stockées les données, afin d’assurer une étanchéité parfaite entre les informations des différents utilisateurs.
Reprendre les travaux en sécurité
Société spécialisée dans les terrassements et le gros œuvre, STM a ainsi pu recourir à ce dispositif sur deux de ses chantiers en région parisienne. « Sur l’un d’entre eux, soit une opération de construction de 39 logements neufs et une crèche pour le groupe Arcade à Villepinte (Seine-Saint-Denis), nous avons dû arrêter brusquement les terrassements sans avoir reçu d’ordre de service. Nous cherchions donc à reprendre en toute sécurité et au plus vite », explique Ludovic Bailly, directeur associé de STM.
La solution a permis de réduire le nombre de personnes sur le site de cinq à deux. « Les chauffeurs restent dans leur cabine, et les pelleurs n’ont plus eu besoin de descendre de leur machine », précise-t-il. Le système a ainsi permis d’évacuer 200 m3 de terre/jour.
Service gratuit pour les chantiers démarrés avant le confinement
Hesus a réussi à importer 800 capteurs de Chine. Actuellement, les capteurs comme l’accès à la plateforme digitale sont gratuits pour tous les chantiers qui avaient démarrés avant la mise en place du confinement. « Chacun peut ainsi organiser ses propres chantiers tests avec cet équipement. L’objectif est ainsi de mettre en place une forme de travail à distance adapté aux chantiers », explique Emmanuel Cazeneuve, co-fondateur et pdg d’Hesus. La société travaille maintenant à la mise en place d’un « pack reprise » pour les chantiers, qui inclura également le nettoyage des baraquements ou la fourniture de masques. Une affaire à suivre, donc.