L’actualité n’offre aucun répit. A peine les flammes s’éteignent-elles dans les quartiers difficiles qu’une vague de froid vient nous rappeler une autre réalité, peut être plus cruelle. Ces derniers jours, sept sans-abri sont morts de froid.
Parmi eux, un jeune homme de 38 ans, a été retrouvé frigorifié au volant de sa voiture. L'homme avait été expulsé fin octobre… juste avant la trêve hivernale. Il était intérimaire. Car contrairement aux idées reçues, les personnes sans logement ne sont pas coupées de l’emploi. Selon l’Insee, un sans domicile fixe sur trois exerce une activité professionnelle.
Le gouvernement a bien sûr réagi en déployant le niveau 2 du plan Grand Froid qui prévoit notamment des places supplémentaires d’hébergement. Mais le pansement tiendra-t-il aussi longtemps que les diverses politiques de la ville ont pu contenir la crise des banlieues ?
Aucun rapport me direz-vous. Pas forcément. Car ces tragiques faits divers ont un point commun : le logement. "Mal logement" pour les uns, "sans logement" pour les autres. Et puis, rappelons-nous que les cités, aujourd’hui délabrées, ont représenté en leur temps un formidable progrès social pour des milliers de familles, souvent sans domicile.
Aujourd’hui, au nom de la rénovation urbaine, on abat des tours, tandis que le gouvernement réfléchit à "un habitat pour tous". Mais c’est aux bâtisseurs que revient la lourde responsabilité de construire rapidement des logements et des quartiers où il fera toujours bon vivre demain.
Jean-Philippe Defawe est rédacteur en chef du site www.lemoniteur-expert.com et rédacteur en chef adjoint du "Moniteur"