« La formation permanente offre un champ considérable à la conquête d'une nouvelle légitimité par l'Ecole nationale d'administration ». Raymond-François Le Bris, directeur de l'ENA, réaffirme avec force la conviction qui a conduit à la fin de l'année dernière à la nomination de son adjoint par un décret du président de la République : Denis Piet, chargé de la recherche et de la formation permanente. Forte de 12 000 jours/stagiaires en 1998, dont les trois quarts issus de la clientèle captive des administrateurs civils du tour extérieur, l'ENA entend rattraper son retard dans ce créneau : « Autour de nous, le Civil Service College britannique, l'Institut supérieur d'administration de Rome ou son homologue de Spire, en Allemagne, ont beaucoup plus développé la formation permanente », constate Denis Piet. Choisi à son poste en raison de son profil international, le directeur adjoint a occupé un poste de direction dans une banque de la City de Londres entre 1990 et 1992.
Après la délocalisation à Strasbourg, Raymond-François Le Bris fixe deux axes de développement à la formation permanente : diversification des publics en direction des fonctionnaires étrangers, des administrations déconcentrées, des collectivités et des entreprises, renforcement des « séminaires résidentiels » qui mettent les stagiaires en position d'acteurs. La mise en oeuvre de cette stratégie passe par des liens plus étroits avec la formation initiale : « En intégrant dans le cursus des études, six mois de stage dans des PME-PMI exportatrices, nous avons constitué un vivier de 120 entreprises qui peuvent s'intéresser à nos produits », espère Raymond-François Le Bris.
Denis Piet n'en souligne pas moins les nombreux obstacles : « Les anciens élèves n'éprouvent pas d'appétence spontanée à venir se former. Seule l'insertion de la formation dans des perspectives de carrières permettrait de franchir le seuil de déclenchement. Cela suppose la mise en place de circuits plus courts entre la formation et les lieux de décision ». Le manque de coordination entre l'ENA et l'Institut des hautes études de la fonction publique territoriale, implanté depuis la rentrée 1997 à Strasbourg, souligne les limites de la diversification appelée de ses voeux par l'ENA : « On aurait pu souhaiter que nos deux démarches parallèles soient un peu plus confondues », commente Denis Piet.