2,8 milliards d’euros. Telle était la somme attendue de la part de l’Europe pour la LGV Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax, selon le plan de financement établi : 40 % de l’Etat, 40 % des collectivités locales et 20 % de l’Europe pour une opération évaluée à 14 milliards d’euros. La participation de l’Europe s’est envolée quand l’institution a publié hier la liste des projets qu’elle estimait structurants pour le territoire et qui bénéficieraient donc d’un financement. « Nous n’avons pas retenu le projet de nouvelle ligne à grande vitesse GPSO. Il nous a semblé que des alternatives, fondées sur les lignes existantes, permettraient de diminuer fortement l’empreinte environnementale du projet et seraient plus utiles à la mobilité quotidienne des habitants », a estimé Karima Delli, présidente de la commission Transports au Parlement européen, citée dans le communiqué de presse du maire de Bordeaux. La préfecture d’Occitanie, coordinatrice du projet GPSO, précise par voie de communiqué qu’« un dossier avait été déposé pour les aménagements ferroviaires au sud de Bordeaux (AFSB) pour solliciter 17,3 millions d’euros de financement européen pour les études environnementales et une partie des travaux préparatoires. Compte tenu du contexte (financier), le dossier n’a pas pu être retenu par la commission pour l’appel à projet 2021. Le projet des aménagements ferroviaires au sud de Bordeaux est estimé à 0,9 milliard d’euros courants. »
Un montage financier difficile
Mauvaise nouvelle pour le dossier régional dont le volet financier avait déjà eu du mal à être bouclé en novembre dernier, sous la houlette du préfet d’Occitanie Etienne Guyot, coordonnateur du projet. Les collectivités de Nouvelle-Aquitaine étaient divisées, voire totalement opposées pour certaines : les départements de la Gironde, du Lot-et-Garonne et la communauté d’agglomération du Pays Basque ne participeront pas. A la même période, Pierre Hurmic avait mis en doute la garantie de ces 20 % européens dans le montage, annoncés par Bordeaux Métropole et le conseil régional d’Occitanie. « Le résultat de l’appel à projet 2021 ne préjuge en rien de la suite qui sera réservée par la Commission aux demandes de subvention européenne à venir pour le projet ferroviaire du Grand Sud-Ouest », précise la préfecture d’Occitanie. Elle ajoute d’ailleurs que « le professeur Carlo Secchi, coordinateur pour l’Union européenne du corridor Atlantique a déclaré le 29 juin à Lyon lors des journées européennes des « Connecting Europe » que le projet GPSO était jugé particulièrement indispensable. »
Modernisation des lignes existantes
Cette décision reste pour le maire de Bordeaux l’occasion de renouveler son souhait d’engager une modernisation des lignes existantes - avec une suppression des bouchons ferroviaires au sud de Bordeaux et au nord de Toulouse - plutôt que dans un grand projet jugé « inutile et destructeur de la biodiversité ». Une alternative qui pourrait, selon le maire, être présentée au nouvel appel à projets de l’Europe pour le Mécanisme pour l’Interconnexion en Europe, en septembre. Il est soutenu dans cette démarche par Jean-Luc Gleyze, président du département de Gironde, qui a également réagi : « La commission évoque la pertinence ainsi reconnue de travailler plutôt sur l’aménagement des lignes existantes, moins impactantes sur le plan environnemental et plus utiles aux déplacements quotidiens des habitants. Et si les trains roulent à 250 km/h au lieu de 360 km/h, quand on voit le coût (18 millions d’euros !) de la minute gagnée pour une nouvelle ligne TGV, c’est aussi un gain d’argent public conséquent, qu’il vaut mieux utiliser dans l’hôpital public ou l’Education nationale ! » Le débat semble relancé.