Après le « logement évolutif », se dirige-t-on vers le « logement universel » ?
Derrière ces termes, l'enjeu demeure le même : disposer d'un parc qui permette à chacun de trouver le logement qui lui convient. Mais il s'avère très difficile d'avoir un alignement parfait entre, d'une part, l'impératif d'usage universel et, d'autre part, le souhait de personnaliser son habitation, en utilisant notamment la possibilité de demander des aménagements spécifiques aux promoteurs. Malgré tout, les douches zéro ressaut fournissent un premier exemple concret d'un alignement possible des planètes en offrant un meilleur usage pour tous, sans inconvénient pour les personnes dites valides.
Où en est le projet de label sur l'accessibilité des logements ?
Après un gros travail de concertation l'an dernier, le cahier des charges du label est en cours de finalisation par le Cerema. Il s'agira de permettre aux propriétaires d'indiquer le niveau d'accessibilité de leur bien à l'aide d'une grille de critères. Et ce, selon le type de handicap, car il est évident qu'un logement qui n'est pas accessible pour une personne à mobilité réduite peut l'être pour une personne de petite taille ou malvoyante. Cela restera une démarche volontaire à la main des propriétaires et des professionnels de l'immobilier. Un travail analogue est mené avec les bailleurs sociaux pour qu'ils s'en saisissent aussi.
La question de l'accessibilité au-delà du handicap moteur progresse-t-elle ?
Il y a le sujet du plan du logement, qui concerne essentiellement le handicap moteur, et pour lequel il faut prendre en compte la contrainte maximale afin d'assurer l'usage universel.
Et il y a le sujet de l'aménagement et des équipements adaptés qui nécessite davantage du cas par cas, selon les besoins de chacun. Mais encore faut-il que la conception du bâtiment rende possible cette individualisation. Je pense, par exemple, aux boucles magnétiques pour les téléalarmes dans les ascenseurs, aux systèmes d'alerte incendie sonores et lumineux, ou encore aux éclairages adaptés aux difficultés du spectre autistique. Je m'attache aussi à faire avancer le sujet des interphones inclusifs, les dispositifs habituels étant inutilisables par les personnes non-voyantes.
L'équipement du parc en ascenseurs évolue-t-il ?
Un signal fort a en tout cas été donné par une jurisprudence récente : un arrêt [rendu par la Cour de cassation le 5 septembre 2024, NDLR] a condamné un maître d'œuvre à hauteur du coût de démolition-reconstruction pour n'avoir pas prévu d'ascenseur dans un immeuble alors que la réglementation l'imposait.